La rentrée scolaire académique 2020/2021 a été effective hier lundi 02 Novembre 2020 après plus de sept (7) mois de pause liée à la Covid 19. Cette rentrée, débuté sur fond de crise pandémique est un baptême de feu pour le nouveau ministre de l’éducation qui fait déjà face aux exigences des enseignants. De grands défis pour le Président de l’Université de Lomé, des grandes réformes promises pour redorer le blason de l’éducation au Togo.
Après une longue vacance passée à la maison, ils sont depuis hier environ 2.600.000 élèves et apprenants, du préscolaire, du primaire, du secondaire général et technique et de la formation professionnelle à reprendre les cours. Une rentrée exceptionnellement coloriée par le Coronavirus et qui oblige à des dispositions spécifiques et adéquates.
Cette rentrée scolaire n’est donc pas sans difficultés tant pour les autorités que pour les enseignants et les élèves.
Il est très important de rappeler que cette rentrée scolaire est menacée par la pandémie du coronavirus. Et les autorités ont certes pris des dispositions mais qui ont du mal à être respectée. L’on parle de masques, de dispositifs de lavages des mains et surtout de la distanciation sociale.
Le constat sur le terrain en ce qui concerne les mesures est amer. A l’École Primaire Publique d’Agbavi dans la commune des Lacs 3, il y a un dispositif de lave-mains pour plus de 500 élèves. Certains élèves sont à trois par banc au lieu de deux avec un effectif qui va au-delà de celui édicté par le gouvernement.
Le constat est identique au niveau de l’EPP Adjové dans le Canton de Ganavé dans le Lacs 4. Dans cet établssement, des classes abritant les élèves sont en banco et dans un état de délabrement très avancé. Les exemples sont ainsi multiples dans plusieurs localités.
A Sagada dans le canton d’Asrama, l’école primaire fait face à deux problèmes. D’abord la pandémie qui est générale et ensuite l’absence totale d’infrastructures. Zéro banc, zéro bâtiment, zéro drapeau. Les villageois se débrouillent pour faire reprendre les classes aux enfants. Plusieurs autres écoles sont frappées par les mêmes carences.
L’absence ou l’insuffisance de bancs va inexorablement entraîner la promiscuité des élèves.
Dans ces conditions, les mesures barrières auront du mal à être appliquées et du coup, les écoles risquent de devenir des foyers de contamination de la maladie.
L’autre menace qui plane sur ce début d’année scolaire, c’est aussi cette grève des enseignants qui se profile à l’horizon.
Le ministre en charge de l’éducation, à la veille de la reprise des cours, a adressé un message aux corps enseignants. Dans son message, Komlan Dodji Kokoroko reconnait le travail des enseignants et fait des promesses: « La revalorisation du statut de l’enseignant qui tient l’intelligence et l’âme de l’élève reste un impératif de la réforme du système éducatif. Nous devons aussi célébrer nos valeureux enseignants qui sont aussi des Louis Germain d’Albert CAMUS ou encore les grands serviteurs du service public scolaire de Jean JAURES », a t il déclaré.
Il poursuit en dévoilant le plan stratégique du gouvernement : «Suivant la feuille de route gouvernementale, nous devons encore en faire davantage, car quand l’Ecole va, la République va. L’amélioration des capacités d’accueil, la qualité de l’enseignement et les réformes, institutionnelles et structurelles, sont en effet au cœur de l’agenda éducatif afin de mettre les enseignants, les élèves et les apprenants dans de meilleures conditions de travail. La formation et l’évaluation des enseignants seront accentués au titre de la formation tout au long de la carrière ».
Mais ces engagements du Professeur Dodji Kokoroko ne semblent pas rassurer les enseignants dans leurs revendications immédiates. Ces derniers menacent d’aller en grève.
Dans un courrier en date d’hier lundi, la Confédération des Syndicats de l’éducation du Togo CSET menace de rentrer en grève. Les enseignants reviennent sur deux points essentiels à savoir : un rappel de 2 milliards, puis les discussions portant sur l’enveloppe de 2020 – 2021.
La coordination exhorte également le gouvernement à se pencher au plus vite sur le statut particulier de l’enseignement.
Au vu de tout ceci, la rentrée scolaire de cette année n’est plus différente des autres si ce n’est la pandémie. Une situation qui prouve à quel point le gouvernement fait de la fuite en avant, puisque le problème lié aux enseignants date de plusieurs années déjà. Aucune volonté n’est visiblement manifestée pour résoudre une fois pour toutes la délicate problématique de l’éducation.
C’est donc là un véritable challenge pour le nouveau ministre de l’éducation, Komlan Dodji Kokoroko, connu comme un challenger, d’opérer les réformes et de régler définitivement ce problème des enseignants. La fougue avec laquelle il empoigne le secteur pourrait augurer un nouveau souffle pour l’éduction, si les facteurs exogènes, encombrants ne viennent pas l’empêcher dans son élan d’engagement. Pour la rentrée 2020-2021, c’est comme on le dit, à la guerre comme à la guerre…
Richard AZIAGUE