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Côte d’Ivoire : ADO recentre le débat de sa succession

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Les dirigeants africains sont connus pour leur prise de décisions anti-démocratiques et leurs manœuvres illégales en vue de s’ériger en maitre suprême des nations qu’ils dirigent. Dans la sous-région ouest africaine, le chaos est permanent en raison de cette tendance à s’accrocher au pouvoir. Après le Togo qui vient de réussir le passage en force du 4ème mandat de Faure Gnassingbé, c’est la Côte d’Ivoire de Ouatarra qui fait l’attraction avec le renoncement du 3ème mandat de son président. Loin de rassurer l’opinion, cette sortie replonge la Côte d’Ivoire dans les incertitudes politiciennes.   

En guinée Conakry, des concertations sont en cours pour l’organisation d’un référendum en vue de modifier la constitution. L’opposition du pays dénonce une manœuvre du président sortant, Alpha Condé, visant à se représenter à nouveau pour un troisième mandat. La crise née de cette situation a déjà fait plusieurs dizaines de morts et rien ne présage une sortie de crise.

La Guinée Bissau est confronté à une crise semblable. Suite à l’élection présidentielle contestée, le pays s’est retrouvé dans une situation chaotique depuis quelques semaines ; Divisé entre deux candidats qui se disent gagnant de l’élection.

Au Togo, quelques semaines après la présidentielle du 22 février, le climat est toujours tendu. Fraudes, bourrages d’urnes… de nombreuses irrégularités ont été dénoncées par l’opposition. Le candidat Agbéyomé Kodjo, arrivé deuxième selon les résultats proclamés par CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante) ne cesse de réclamer la victoire, se disant victime des malversations du pouvoir. Il compte convier ses militants à réclamer cette victoire. La tension est perceptible.

De telles crises sont imminentes dans plusieurs pays de la sous-région surtout pour cette année 2020 qui est une année électorale dans bon nombre de ces pays.

Pour la Côte d’Ivoire, le débat est tranché. Une récente déclaration audacieuse augure un bon déroulé du scrutin présidentiel. Le président Alassane Ouattara annonçait à la surprise de tous, ce jeudi 5 mars 2020 sa décision de renoncer à briguer un nouveau mandat. Une décision courageuse que les ivoiriens de tous les bords politiques ne cessent d’acclamer.

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Dans un contexte de crise électorale perpétuelle dans les pays africains, une telle prise de position est une action favorable à la démocratie et une contribution au climat de paix et à la stabilité en Afrique. Ils sont très rares, les présidents africains qui osent ainsi faire un pas pour une avancée de la démocratie.

Alors que tout le monde s’attendait à une révision constitutionnelle qui permettrait au président ivoirien de se représenter pour un troisième mandat, il crée l’étonnement en annonçant sa volonté de renoncer. Ses propos ont visiblement un impact positif sur la vie politique du pays et présagent un renouvellement de la classe politique ivoirienne. Au-delà de l’aspect politique, cette décision aura sans doute des conséquences positives sur l’économie du pays ainsi que dans la sous-région. Confiance des partenaires, accroissement des investissements, croissance durable pour les prochaines années… Toutefois, un changement n’apporte pas que de bonnes nouvelles pour tous. Pour les proches alliés d’Alassane Ouattara et tous ceux qui ont bénéficié des avantages de ce régime, la frustration s’installe et l’incertitude est source d’angoisse. En témoigne une marche des populations d’Abobo pour rejeter la décision du Président de ne pas se présenter à un 3ème mandat.

Malgré l’appréhension toujours notable à l’approche de la présidentielle, l’annonce du président ivoirien contribue incontestablement à l’apaisement des tensions. Cette déclaration est aussi une bonne nouvelle pour toute la sous-région. La communauté internationale pourra remercier cet homme d’avoir ainsi pris une décision qui épargnera à la Côte D’Ivoire une nouvelle crise électorale.

 

Le scepticisme de Guillaume Soro

Depuis son exil français, le principal challenger du Président Ouatarra, le Président duGPS Guillaume Soro nourrit du doute sur la sincérité de la décision du président Ouatarra de ne plus se présenter. Pour lui il n y’a rien d’extraordinaire pour un président de renoncer à ne pas violer la constitution et d’ouvrir les vannes d’une nouvelle modification de la loi fondamentale : « On l’aura compris, cette annonce est destinée à séduire l’opinion publique internationale, obtenir la bienveillante complaisance de celle-ci et, surtout, à détourner l’attention du peuple des vrais enjeux, à savoir le tripatouillage de la Constitution pour asseoir le règne d’un clan, ad vitam aeternam. La malice politique qui vise à capitaliser cette « non candidature » ne doit pas faire diversion.

Renoncer à violer la Constitution, excusez du peu, est la moindre des choses. Cela n’en rend pas moins condamnable le dessein présidentiel, totalement assumé, de transférer le pouvoir à un successeur choisi… » a déclaré l’ancien chef rebelle dans un discours. Le jeune leader va plus loin en recommandant la consolidation de la démocratie et le renforcement des institutions. Un chantier qui doit obligatoirement passer par le peuple et sa volonté démocratique de choisir. Sur ce, rien n’est sûr que les militants de Guillaume Soro adhérent pleinement à l’initiative de Ouatarra de ne plus se présenter. Pour eux, c’est juste un non-évènement. Candidat, il demande à ses militants de maintenir le cap de l’union sacrée, face aux périls qui menacent les libertés et la Nation.

 

Un passé politique  fébrile

La Côte D’Ivoire aura connu d’énormes crises par le passé. Des conflits politiques et armés opposant  différents partis et une crise postélectorale récente aux conséquences lourdes. Ces conséquences continuent d’éprouver la stabilité de la sous-région ouest africaine sur le qui-vive pour que la locomotive économique de l’espace UEMOA ne déraille de nouveau. C’est pourquoi, dans le meilleur des cas, cette décision du président ivoirien a été accueillie avec beaucoup de satisfaction. Les crises ivoiriennes se répandent facilement et ont des conséquences fastidieuses.

Ceci n’est pas une exception en Afrique de l’Ouest ou en Afrique en générale. Depuis plusieurs années, les crises post électorales se sont succédé dans différents pays. Et encore aujourd’hui, la menace plane sur certains pays.

Fraudes électorales, manipulations des voix, trafics d’influence et tripatouillages constitutionnels sont les différents recours des chefs d’Etats africains pour se maintenir au pouvoir et perpétuer leur règne. La majeure partie des crises que connait l’Afrique aujourd’hui est liée à cette volonté des dirigeants de s’éterniser au pouvoir. Un modèle que le président ivoirien aura choisi de briser. Cet exemple ivoirien est incontestablement un modèle que les dirigeants africains devront suivre.

L’avenir s’annonce rude pour les présidents qui souhaitent s’accrocher au pouvoir, en dépit des appels du peuple et de la communauté internationale. Le modèle ivoirien rend la tâche dure et réduit l’espoir de ceux qui voudront s’entêter pour passer outre la voie de la démocratie. Les dictateurs sanguinaires africains qui s’accrochent au pouvoir peu importe les circonstances, au risque de créer une instabilité dans leur pays.

La Côte D’Ivoire trace le chemin à suivre en Afrique francophone pour la prospérité, l’émergence et la stabilité de la sous-région. Vivement que cet exemple soit suivit par les autorités de la sous-région pour préserver la paix en Afrique.

 

 

www.independantexpress.net

 

 

Eric G.

 

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