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INTERVIEW EXCLUSIVE / Pierre KPODAR: « Il faut une alternance crédible pour libérer le Togo…»

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Dans quelques mois, en 2020, aura lieu l’élection présidentielle au Togo. Les Togolais iront aux urnes pour élire leur président. Dans le rang des Togolais épris d’alternance, le doute s’installe. Face à la résistance du pouvoir de lâcher prise pour faire obtenir l’alternance au peuple et à l’imprécision de choix dans les rangs de l’opposition, la tendance est à un nouveau profil. Un inconnu du grand public togolais, dans la foulée se présente comme l’homme de la situation : Pierre Ekué KPODAR. L’économiste a annoncé sa candidature le mois dernier autour des réformes économiques à assigner à un Etat lourdement endetté et mal gouverné. Dans une interview accordée à notre rédaction, le nouveau candidat présente les actions qu’il compte mener une fois élu. Comme de coutume à l’approche des élections, le nouveau candidat ne s’est pas dérogé de la règle. Il expose ses projets et approches de solutions pour sortir le Togo de l’impasse politique et résoudre la crise socio-économique.

L’Indépendant Express : Qu’est ce qui a motivé votre projet de vous porter candidat pour l’élection présidentielle de 2020?

Pierre KPODAR: Le sentiment du devoir, l’amour de la patrie, la sensibilité à la misère et à la souffrance d’une large partie de la population. Le monde qui évolue autour de nous alors que nous stagnons. J’ai passé une bonne partie de ma carrière professionnelle à concevoir pour divers pays africains des programmes d’assainissement des finances publiques et de stabilisation macroéconomique nécessaires pour un développement économique et social durable et soutenable. Je veux mettre cette expérience au service de mon propre pays. Le Togo dispose de ressources naturelles et humaines qui pourraient lui permettre d’offrir une vie meilleure à ses habitants, à condition qu’elles soient bien administrées. Je veux mieux administrer ces ressources pour améliorer la vie des Togolais. Voilà en quelques mots mes motivations principales.

Etes-vous un candidat de l’opposition, un candidat de la Diaspora ou, tout court, un candidat indépendant de la rupture qui veut aider le Togo à tourner la page agitée et peu radieuse de son histoire?

Je suis un candidat indépendant, un candidat de la rupture qui veut aider le Togo à tourner la page agitée et peu radieuse de son histoire. Dans leur grande majorité, nos concitoyens sont épuisés et désespérés par ces longues années d’immobilisme et de régression. Je viens proposer une alternative crédible au pays pour le sortir de l’impasse et du désespoir.

Qu’est-ce qui vous fait croire que vous êtes la personne capable de faire la différence face à UNIR par rapport aux candidats potentiels de l’opposition traditionnelle?

La différence face à UNIR se fera par le peuple souverain dans sa majorité. Je ne suis qu’ un serviteur. J’apporte mon expérience, mon intégrité morale, mes valeurs et principes, mon projet, mon approche ; voilà mes atouts différentiels. Ce que vous appelez l’opposition traditionnelle a fait ce qu’elle a pu depuis des années. Rendons-lui hommage, mais constatez avec moi qu’elle n’est pas parvenue à obtenir l’alternance tant voulue par nos concitoyens. Il faut un nouveau visage, une nouvelle approche, un nouveau leadership que j’estime incarner.

Alliance Togo Informatique

Vous avez beaucoup pratiqué le Togo ces deux dernières années et suivi de près les évènements politiques. Selon vous, c’est quoi le nœud principal du problème togolais.
Le nœud du problème ?

C’est le régime RPT Unir qui régente le pays depuis des décennies. Le nœud du problème, c’est la mauvaise gouvernance, la confiscation du pouvoir, l’absence d’alternance. Ce régime se maintient par les fraudes électorales et la force armée. Il étouffe l’énergie des Togolais et empêche le développement du pays. Il faut une alternance crédible pour une meilleure gouvernance politique et économique du pays. Il faut un gouvernement qui opère les réformes préconisées par la feuille de route de la CEDEAO pour s’entendre sur un contrat social auquel toute la population, sinon la grande majorité, adhère. Il faut une alternance crédible pour libérer la créativité et les énergies, pour permettre au pays de respirer, de s’oxygéner ; pour permettre aux citoyens d’entreprendre librement et au pays de se développer harmonieusement.

Certains de vos détracteurs sont allés comparer votre candidature à celles de messieurs Jacques Amouzou et Adani Ife dans les années 95. Que dites-vous à ceux-là?

Je leur réponds qu’ils sont dans l’erreur, je leur réponds qu’ils me connaissent mal. Et comme vous dites qu’ils sont mes détracteurs, je dirais qu’ils sont de mauvaise foi. Je ne suis pas venu pour faire de la figuration ou pour servir de faire-valoir à qui que ce soit. Je suis venu pour favoriser l’alternance et redonner l’espoir au pays.

Les attentes des Togolais sont nombreuses et plus pressantes les unes que les autres. En êtes-vous conscient avant de vous engager?

Les attentes des togolais sont aussi les miennes. Il y a l’urgence démocratique, l’urgence économique et sociale, l’urgence de la réconciliation nationale. Je suis conscient de tout cela. C’est pourquoi nous n’aurons pas de temps à perdre et que, dès notre élection, nous mettrons en œuvre et sans délai, notre projet qui vise à répondre à ces attentes de manière progressive et avec une priorisation efficiente et réaliste.

Quels sont vos avantages principaux, c’est à dire les atouts que vous mettrez dans la balance devant les électeurs ?

Je suis d’abord un expert dans les domaines de l’économie, de la finance et du développement. C’est mon métier. Je ne suis pas un homme politique dans le sens où je ne vis pas de la politique. Je ne suis pas non plus partisan, dans le sens où je n’ai pas de parti politique qui serait en concurrence avec les autres pour conquérir le pouvoir. J’anime un mouvement Gaméssou, qui appelle au rassemblement de toutes les Togolaises et de tous les Togolais de bonne volonté, de Djankassè à Cinkassé, quelles que soient leur appartenance particulière. Je les appelle à un grand et sincère rassemblement, à un grand sursaut patriotique pour relever le pays.
Je fais mienne la métaphore de « la jarre percée » d’un ancien roi du Dahomey qui, face aux divisions qui minaient son royaume lança à ses sujets « Si tous les enfants du royaume, pouvaient de leurs mains rassemblées boucher les trous de cette jarre percée, alors le royaume serait sauvé ». Comme lui, j’en appelle au ralliement de tous les Togolais. Je les appelle à se joindre à moi pour boucher les trous e cette jarre percée qu’est devenu le Togo d’aujourd’hui.

On parle de plus en plus d’une candidature de l’actuel président pour un 4eme mandat. Cela est-il, selon vous, un problème? Qu’en dites-vous ?

D’abord un quatrième mandat pourquoi faire ? Qu’est-ce que l’actuel Chef de l’État va faire de nouveau, et qu’il n’a pas eu le temps de faire en 3 mandats ? Qu’est-ce que le régime RPT Unir va faire de nouveau et qu’il n’a pas eu le temps de faire en 5 décennies ? Vous leur poserez la question. Le Togo est le seul pays de la Région Ouest africaine à n’avoir pas connu d’alternance depuis un demi-siècle. Ce régime instrumentalise toutes les institutions du pays pour conserver le pouvoir. La limitation des mandats inscrite dans la constitution de 1992 était un garde-fou. Le régime l’a contourné. Nous sommes une exception dans la région et nous sommes la risée du monde entier.
Au demeurant, la question du nombre de mandat serait secondaire, si au moins les élections étaient réellement transparentes et équitables. Or elles sont toujours entachées de fraudes. Je pense que si le Chef de l’État actuel s’obstinait à se présenter et si les élections étaient transparentes, il serait battu. Dans ma déclaration de candidature, je l’ai appelé à réfléchir et à prendre la bonne décision pour lui-même et pour le pays.

La dernière révision constitutionnelle du 8 mai vous satisfait-elle?

Certainement pas. Et ceci pour une raison essentielle. Le Parlement qui a adopté cette révision n’est pas, à mon avis, représentative du peuple togolais. Tout le monde sait les conditions dans lesquelles la plupart des députés qui siègent au Parlement ont été nommés. Quelles que soient les lois qu’ils adopteront, elles seront frappées du sceau de cette illégitimité originelle. Elles seront regardées et ressenties comme arrangées pour perpétuer la confiscation du pouvoir par le régime RPT Unir. C’est ainsi que je regarde cette révision constitutionnelle. Permettre au RPT Unir de conserver le pouvoir, contre la volonté d’une majorité de Togolais.

Vous, président, allez-vous prendre des dispositions pendant votre mandat, soit pour faire revenir la loi de 1992 ou soit doter le Togo d’une nouvelle constitution écrite sur une base consensuelle et acceptée par tous?

Moi président, je reviendrai à la constitution de 1992. A sa lettre comme à son esprit. C’est ce que demandent les Togolais. N’oubliez pas que cette constitution a été approuvée par 92% de nos concitoyens. Quelle autre base de légitimité et de légalité est meilleure que la volonté du peuple exprimée aussi massivement? D’une manière générale, il est temps que cesse en Afrique cette manie de tripatouiller les constitutions.
S’il faut compléter cette C92 ou l’adapter au contexte du 21 siècle, nous le ferons. Mais nous en conserverons les points fondamentaux, la colonne vertébrale. De ce point de vue, les propositions de l’expert mandaté par la CEDEAO au cours des négociations entre la C14 et le pouvoir, constitue une bonne base. On ne peut que regretter que ces propositions soient restées lettres mortes
Economiquement, le Togo n’a pas de l’embonpoint. C’est un pays ou beaucoup de familles des villes et campagnes vivent dans un état de misère aigue.

Que feriez-vous différemment et concrètement pour changer cette courbe de la misère?

Le Togo dispose de ressources qui pourraient lui permettre d’offrir une vie meilleure à ses habitants, à condition qu’elles soient bien administrées. Je veux mieux administrer ces ressources pour améliorer la vie des Togolais. Je vais mieux contrôler le train de vie de l’État et promouvoir le secteur privé pour encourager l’émergence d’une classe moyenne entreprenante et diversifiée. Pour y parvenir nous prendront des mesures pour libérer les énergies et le génie créateur du peuple afin de dégager une croissance rapide et inclusive, avec la participation de tous les actifs à la création de la richesse nationale et l’emploi. Nous veillerons à ce que l’ascension sociale soit le fruit du travail, de la compétence et du mérite. Nous mettrons en œuvre des politiques appropriées pour rehausser le pouvoir d’achat de tous les Togolais et des filets sociaux en faveur des couches les plus vulnérables, les handicapés, les orphelins.
Que répondez-vous à vos détracteurs qui voient en vous un représentant de la haute finance internationale à cause de votre carrière au FMI?
Pourquoi cette fixation sur ma carrière au FMI ? J’ai fait aussi une carrière à la BCEAO. Cette objection est absurde. « Représentant de la finance internationale », qu’est-ce que cela veut dire exactement? Que je défendrais les intérêts de la haute finance internationale au détriment des Togolais? Et pourquoi je ferais cela ? Encore une fois c’est absurde. Pourquoi ne pas considérer au contraire que l’expérience acquise dans mes fonctions au sein de cette institution est un atout pour notre pays? Certes, je peux comprendre les préventions des Togolais vis-à-vis du FMI en tant qu’institution. Dans la mémoire collective, le FMI rime avec les ajustements structurels des années 80, synonymes d’austérité, de licenciements et de rigueur dans la gestion des finances publiques. Mais nous n’en sommes plus là. Au demeurant, si vous ne voulez pas qu’une institution internationale quelle qu’elle soit vienne se mêler de vos affaires, il vous appartient de gérer vos propres affaires de manière honnête, rigoureuse, efficiente et responsable. Je souligne au passage que notre pays est encore en programme avec le FMI. Je considère que loin d’être un handicap, mon passé professionnel au FMI avec l’expérience acquise, notamment la rigueur, la discipline, le goût de l’excellence, la capacité d’analyse et d’anticipation, est un atout pour le Togo.
Le Togo peut-il s’autosuffir? D’aucuns disent que oui, si la corruption est endiguée et si la gouvernance bénéficie d’une rigueur sans complaisance
Je l’ai dit précédemment, le Togo dispose de ressources naturelles et humaines qui pourraient lui permettre d’offrir une vie meilleure à ses habitants, à condition qu’elles soient bien administrées. Nous sommes un pays de 56 600 Km2. Nous avons des ressources minières, un port en eaux profondes, des terres fertiles, une population jeune qui ne demande qu’à être éduquée et formée pour participer au développement du pays. Certes, aucun pays au monde ne vit replié sur lui-même, en autarcie. Comme d’autres pays, nous sommes entrés dans une économie globalisée avec une compétition féroce entre nations. Pour tenir, il nous faudra améliorer la gouvernance, en privilégiant l’intérêt général comme principe de base de l’action publique, réduire massivement la corruption qui non seulement pèse sur l’économie mais aussi crée une fissure sociale, donner une éducation digne du 21eme siècle à notre jeunesse, offrir des soins de santé de qualité à nos populations. Ainsi, nous pouvons permettre au pays de trouver en lui-même l’essentiel des réponses aux besoins de ses populations.

Vous, une fois président, quels seront les domaines clés qui vont figurer sur la liste de vos priorités? Peut-on redresser le Togo en cinq ans?

Nous ouvrirons le chantier de la réconciliation nationale ; réconciliation des Togolais entre eux ; réconciliation des togolais avec leurs institutions.
Nous engagerons les réformes tant attendues, et jamais réalisées pour redonner confiance dans nos institutions à nos concitoyens et créer un cadre stable et équitable pour le développement du pays.
Une autre urgence ; remobiliser le peuple togolais, l’encourager et le conduire à la passion du travail, du don de soi, et la recherche de l’excellence. Nous mettrons un accent particulier sur la formation du capital humain, premier facteur de développement dans un monde où le savoir et l’innovation sont la clé de l’avenir. Il s’agira de nourrir, soigner et éduquer nos populations, leur offrir des emplois décents et rémunérateurs pour augmenter le pouvoir d’achat, et protéger notre environnement. Cela nécessitera une reconstruction des secteurs de la santé et de l’éducation, une modernisation de notre agriculture, un accroissement de la transformation sur place de nos produits avec une valeur ajoutée, et une meilleure amélioration des infrastructures de base.
En cinq ans on ne peut pas tout faire, mais en 5 ans on peut reconstruire et consolider les fondations du pays, le mettre à l’endroit, sur les bons rails, et sur la bonne trajectoire. En 5 ans, on peut faire beaucoup, si on se met au travail.
Le Togo est un pays surendetté. Un pays sous traitement intensif des bailleurs de fonds et sujet a un monitoring constant du FMI. Votre remède pour sortir de cet état de dépendance.
La dette en soi n’est pas une mauvaise chose si elle est soutenable, utilisée à des fins productives qui donnent la capacité de générer les ressources nécessaires pour son remboursement. En effet, le pays a besoin de financement comme les nôtres peuvent compléter l’insuffisance de leur épargne nationale par des apports extérieurs sous toutes formes. Le vrai problème est que notre pays s’endette de manière inconsidérée, utilise les fonds sur des projets mal ficelés, en détourne une bonne partie, etc. Le remède pour sortir de cette dépendance est la bonne gestion des ressources internes comme empruntées, ne pas s’endetter pour financer des déficits budgétaires courants, une meilleure programmation des projets à financer, tenir compte de notre réelle capacité à absorber les ressources extérieures, une meilleure utilisation de la main d’œuvre locale, et l’insertion dans les contrats de clause de transferts de technologie. Comme vous le voyez, il n’y a pas de miracle pour sortir de l’état de dépendance ; ou mieux le miracle est dans la rigueur, la discipline, l’utilisation rationnelle et efficiente des ressources disponibles, le travail bien fait, l’efficacité, la recherche de l’intérêt général, etc.

Certains diront que vous n’avez pas vécu au pays pendant les 30 dernières années: n’est-ce pas là une faiblesse de votre candidature? Ou, pensez-vous plutôt que ce serait perçu par les électeurs comme une position de force?

D’abord, n’avoir pas vécu au pays ne veut pas dire que l’on ait été coupé du pays. Pendant toute ma carrière à l’étranger, je suis resté en lien constant avec le pays. J’y ai ma famille, ma maison, mes entreprises, mes racines. Je revenais donc au Togo à chaque occasion, parfois plusieurs fois par an. Et je suis maintenant définitivement installé au pays depuis plus de deux ans, même si mes activités m’amènent à voyager souvent.
Ensuite avoir vécu à l’étranger n’est pas en soi un handicap ou un atout. Ce qui compte c’est le lien que vous avez gardé avec le pays ; ce qui compte c’est aussi et surtout ce que vous avez fait à l’étranger, l’expérience que vous y avez accumulée et qui peut servir le pays à votre retour.
De ce point de vue, ayant passé une bonne partie de ma carrière professionnelle à l’étranger a permis d’ouvrir mes yeux sur d’autres réalités, d’autres façons de faire, de gérer une économie, de construire une nation solidaire. Toute cette expérience sera contextualisée et mise au service de notre pays.

Comment vous présentez-vous aux Togolais? Certains pourraient se demander qui est celui-là? Qui êtes-vous, monsieur Kpodar?

Je suis Pierre Ekué Gaméssou Kpodar, natif de Glidji-Kpodji. Je suis titulaire d’un Master en gestion de l’Université de Lomé et d’un diplôme d’études supérieures bancaires et financières du Centre Ouest- Africain de Formation et d’Études bancaires (COFEB), à Dakar. Je suis également titulaire d’un diplôme d’études approfondies (DEA) en macroéconomie et économie du développement de l’Université Cheikh Anta Diop à Dakar. J’ai renforcé mes études académiques avec des certifications et une formation professionnelle en politique et programmation financières à l’Institut du FMI à Washington D.C., et sur la conception et la mise en œuvre de la politique monétaire à la Banque de France à Paris. J’ai également obtenu un diplôme de spécialité à l’Institut international d’Administration publique (IIAP) de Paris, France.
Economiste spécialisé en macroéconomie, finance et économie du développement, je suis également coach en développement personnel, enseignant et conférencier indépendant certifié du groupe John C. Maxwell. De la BCEAO au FMI, j’ai consacré ma carrière de 35 ans à la macroéconomie, la finance internationale, la surveillance bancaire, la conception et la mise en œuvre de politiques publiques principalement en Afrique. J’ai aidé de nombreux pays à atteindre et à maintenir la stabilité macroéconomique, indispensable à tout développement durable, à développer des systèmes bancaires et financiers, à créer un environnement propice au développement du secteur privé, et à atteindre une croissance élevée et inclusive tout en renforçant les capacités potentielles de croissance. Je suis marié et père de 3 enfants.
Je me sens d’abord Togolais. Malgré mon long séjour à l’extérieur, je n’ai jamais demandé à obtenir une autre nationalité. Je suis attaché à mes racines qui m’ont permis de m’ouvrir sur l’extérieur sans pourtant me perdre. Le fait d’avoir vécu longtemps à l’étranger fait de moi un Togolais et en même temps un citoyen du monde. Quand je croise un compatriote Togolais loin du pays, je lui demande rarement de quelle région du Togo il vient. Il est togolais comme moi et cela suffit pour se reconnaître et s’estimer. C’est le même sentiment qui m’anime ici. Si vous êtes Togolais et si vous aimez la justice, la liberté, la transparence, la vérité, l’indépendance d’esprit, vous êtes mon ami, quelle que soit vos attachements particuliers.

Si vous avez un message à l’attention de l’actuel président, quel sera ce message?

Je l’exhorterais à faire preuve d’élévation de soi et de grandeur d’âme, à se mettre au-dessus de la mêlée, pour mûrir sa décision au sujet de 2020. Je l’exhorterais à bien considérer les faits, sans interférence aucune, à prendre en compte avec noblesse et grandeur l’intérêt général de notre pays, à affronter courageusement sa conscience et sa responsabilité pour prendre la bonne décision. Chaque homme est capable de dépassement. Je suis convaincu qu’il sait qu’un grand leader doit soigner sa sortie afin de rentrer dans l’Histoire du bon côté.

Les FAT sont souvent considérées comme faisant partie du problème Togolais. Etes-vous du même avis?

Comme je vous l’ai dit précédemment, le pays souffre d’une instrumentalisation de ces institutions au profit d’un régime qui s’est accaparé du pouvoir et veut le conserver contre la volonté du peuple. En tant qu’institution, l’armée n’échappe pas à cette instrumentalisation. D’où une méfiance, voire une rupture entre le peuple et son armée. Notre armée nationale n’est pas perçue comme protectrice, mais comme une menace pour la liberté voire la vie des Togolais. Cela doit cesser. Mais voyez-vous, je ne jette pas la pierre à cette armée. Je n’incrimine pas les soldats qui obéissent aux orientations et aux ordres qu’on leur donne. J’incrimine ceux qui ont fait, de notre armée, ce qu’elle est devenue aux yeux de nos concitoyens. Nous devons créer la confiance entre l’armée et le peuple. Nous devons réconcilier le peuple avec son armée. Nous voulons une armée républicaine, qui protège notre territoire et nos populations. Alors, si comme vous le dites, l’armée fait partie du problème, elle peut aussi faire partie de la solution. Nous engagerons des initiatives volontaristes et innovatrices pour aller vers cette réconciliation et cette métamorphose.

Et l’actuelle opposition, vous satisfait-elle dans la façon dont elle porte les revendications de notre peuple?

Je connais personnellement certains leaders des partis de l’opposition. J’ai entrepris de les rencontrer tous pour échanger avec eux et leur expliquer le sens de ma démarche et celle du mouvement Gaméssou que j’anime. Je n’ai pas encore terminé ce travail de respect et de courtoisie envers tous ceux qui sont sur le terrain avant moi. Mais ce sera fait et ceux qui n’ont pas encore reçu ma visite personnelle doivent considérer que c’ est une question de temps au regard de mon agenda. Je veux rechercher avec eux toutes les possibilités de synergie possible. Ils sont parfois l’objet de critiques virulentes sur les réseaux sociaux, notamment. Il faut être sur le terrain pour voir et comprendre ce qu’ils endurent. Je ne leur jetterai jamais la pierre. Ils font de leur mieux. Mais le constat est devant nous ; nous n’avons pas encore obtenu les réponses aux revendications du peuple.

Propos recueillis par Carlos KETOHOU

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