Un peuple sans culture, est un corps sans âme dit l’adage. Et au Togo, les peuples semblent prendre conscience de cela en préservant leurs cultures et autres célébrations quand il s’agit de la tradition. Mais depuis un moment, ces célébrations perdent visiblement leurs sens originels au profit d’une politisation à outrance. Mais au même moment, non seulement les politiques récupèrent ces célébrations, mais se contentent beaucoup plus de les monnayer au détriment des intérêts directs de ces fêtes traditionnelles. Et au rang donc de ces fêtes, on note celle dénommée ‘’Togbui AGNI’’ ou la fête des moissons des Adja du Moyen-Mono. Tado, le berceau du peuple Adja mina abandonné.
La période actuellement au Togo est celle des fêtes traditionnelles. Evala, Epé Ekpé, ayizan, en passant par Hogbézan, Dounenyon za mais aussi Togbui AGNI.
Le week end dernier, c’était l’apothéose de la fête DUNENYO ZA, une célébration des communautés Agoè, Aflao et Bè. Malgré le fait que cette fête n’est qu’à sa troisième édition, elle mobilise tant les ressortissants de ces communautés que des autorités politiques et religieuses du pays. A base de cette célébration, les populations de ces communautés se retrouvent pour discuter de leurs problèmes et tentent d’y apporter des solutions.
Le weekend d’avant, c’était la grande fête ayizan à Tsévié dans le zio. Une fête traditionnelle qui prend de l’ampleur au jour le jour suite à la détermination des cadres de cette commune pour faire de leur localité l’une des plus influentes du zio. Ayizan rassemble des personnalités et est devenu un rendez-vous de chaque année pour les natifs du Zio et d’ailleurs et connait la présence du Chef de l’État.
Epé Ekpé, on n’en parle pas. Même si elle semble diviser depuis quelques années les natifs d’Aneho, elle reste une fête qui mobilise beaucoup de peuples et des autorités. La cérémonie de la prise de première pierre est une vieille tradition qui date de plus 360 ans. Elle est célébrée chaque année et est l’identité des peuples Guins. Cette fête contribue aussi à faire connaitre la ville d’Aného. Même si elle a déjà sa notoriété d’ancienne capitale du Togo, ses fils y luttent pour que son image soit toujours gardée même si par endroit il est constaté de vieilles maisons qui décorent négativement la ville.
Les Evalas, c’est la deuxième fête nationale du Togo comme le dirait l’autre. Cette fête traditionnelle d’initiation des jeunes à devenir homme est celle qui mobilise le plus au Togo. Toute l’administration est bloquée, les ministres et autres directeurs de société se rendent tous à Kara. Les Evalas font de la ville de Kara un site touristique en période de Juillet. Selon des analystes culturels, cette fête mobilise non seulement parce que le chef de l’Etat est originaire de la Kozah, mais aussi et surtout, elle est devenue un cocktail de diversités culturelles. Partant de là les autorités venant de cette région du pays mettent les moyens pour que les Evalas ne perdent rien de leur impact et de leurs valeurs.
Mais au même moment où les fêtes traditionnelles sous d’autres cieux sont bien organisées et valorisent la région ou la localité concernée, l’on se rend compte que tel n’est pas le cas dans le moyen mono notamment avec la fête Togbui AGNI.
Pour devoir de mémoire, Togbui AGNI qui est célébrée par les Adja et Mina dans le Moyen Mono est aussi considérée comme la fête des moissons.
C’est une fête des Adja Tado, population située en majorité au Sud-est de Notsé, c’est surtout l’occasion unique de sortie solennelle du « Roi de la terre » à Tado.
Cette rencontre festive et surtout de retour aux sources donne lieu à plusieurs cérémonies rituelles pour exorciser les maladies, remercier les mânes des ancêtres et la terre nourricière pour l’abondance des récoltes dans l’année et ensuite implorer les bénédictions sur les populations.
Mais selon certains historiens Togbui AGNI doit être plus qu’une simple célébration. Cette année particulièrement, des jeunes originaires de la localité dont décidé de donner une cachet particulier à la célébration. C’est la raison de la création du FESTADO, festival des arts et cultures de Tado. Un programme ambitieux a été déployé. Sous la houlette du sieur Kodjo Adja, une communication est alimentée pour inviter les natifs de la localité à s’impliquer pour la réussite de la célébration.
Tado est une cité historique. Tado devrait être un Panthéon de la conservation des secrets historiques et culturels du peuple Ewe. Tado devrait avoir la même célébrité que Tombouctou au Mali, Dahomey au Bénin ou Keta au Ghana. Mais malheureusement, Tado est la cité perdue. Abandonnée. Les routes poussiéreuses, les bâtiments decrepis, les infrastructures délabrées avec une population qui vit dans la misère. Tado est oublié et orphelin de ses fils.
Difficilement, d’après nos informations, les cadres du Moyen Mono peinent à mettre les moyens pour développer la localité et faire émerger cette cité historique.
C’est pourquoi, il faut saluer la bataille quotidienne de ces jeunes cadres qui travaillent sans cesse sans repères. Les cadres haut placés ont pratiquement démissionné et laissent la cité historique baigner dans la déchéance. Ils sont ministres, anciens ministres, autorités politiques, conseillers ronflants auprès du Chef de l’État. Ils préfèrent parcourir plus de 1000km en aller-retour à Kara pour passer une semaine entière à se doper des luttes Evalas pour le plaisir de leur Président.
Curieusement, non seulement ils n’invitent pas le président à venir honorer et hausser de sa présence l’apothéose de Togbui Agni à Tado, mais aussi et surtout ils débarquent sur la pointe des pieds pour repartir aussitôt que la célébration se termine, comme si on les chassait de leur propre village. Mais en période électorale, ils font les dos ronds, flattant le Chef de l’Etat être populaire et avoir le peuple Adja dans leurs poches. Ce qui est contraire à la réalité. Justement juste au lendemain des élections, ils repartent en attendant la prochaine échéance électorale. Ils sont cruellement divisés, les cadres du Moyen mono, se voulant du mal à l’extrême. Oubliant qu’ils appartiennent à la même entité Togbui Agni.
L’autre paire de Manche est la politisation à outrance de la tradition. Pour camoufler leur incapacité à convaincre les Chef de l’État sur leur popularité, les politiciens du Moyen imposent le parti Unir à la localité et à la célébration. Ce qui exclut systématiquement des militants d’autres partis à s’impliquer. Le moyen mono est loin d’être une localité acquise au parti a pouvoir. La tradition devrait être départie de la politique. Pour ratisser large.
Le week-end prochain, la célébration connaîtra son apothéose. Vivement que les cadres ministres et conseillers à la présidence se mettent dans la peau de réels natifs de la localité et non des descendants du RPT/UNIR.
Cela pourrait être un présage pour se pencher sur l’essentiel. Le développement de la cité historique de Tado.
Pour l’heure et c’est pour la petite histoire, le comité d’organisation à besoin des moyens. Les cadres n’ont qu’à mettre la main à la poche pour donner une couleur à la fête de Togbui Agni.
Le comité d’organisation a assi le devoir de faire une gestion transparente et de rendre compte à la fin. Cela pourrait rassurer les natifs à s’impliquer prochainement dans le développement de Tado notre cité historique.
C’est comme cela les natifs de Kara ont fait pour rehausser le niveau des Evalas que les cadres du moyen mono se précipitent chaque année pour aller vivre. Les adja doivent aussi inciter les autres à venir savourer leur culture. Pour le bien de ce berceau.
Richard AZIAGUE