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Prison de Lomé: Mohamed Barry, citoyen guinéen arbitrairement détenu.

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Alors que le Togo vient d’essuyer de vives critiques quant à la protection et la promotion des droits de l’homme. Alors que le   passage à Genève devant le comité sur la torture  a démontré combien de fois la volonté de protéger les citoyens et les étrangers est devenue une denrée rare au Togo, alors que le Togo est exposé sur les questions des Droits de l’Homme avec l’histoire de braqueurs exécutés de manière extrajudiciaires, alors que la justice togolaise est montrée de doigt de ne pas rentre justice aux justiciables, alors que les détentions arbitraires et la situation carcérale sont dénoncées à travers le monde, le Togo veut encore s’illustrer dans une autre sale affaire. Une détention illégale, arbitraire d’un  ressortissant guinéen pour des motifs fallacieux. Mamadou Barry, après plusieurs mois passés à la DCRI sans se faire notifier de charges est déposé à la prison civile de Lomé. Un traitement inhumain d’un ressortissant qui d’après son témoignage ne se reproche rien  pour être arrêté et détenu.

L’histoire d’un passionné guinéen du Togo est rocambolesque.  Mohamed Barry, de son nom comme pour rappeler l’autre Mamoudou Barry assassiné en France vit une situation triste. d’injustice et d’arbitraire.

Barry nous a  confié avoir projeté faire un blog de voyage sur le Togo. Il a donc entrepris de faire le tour du Togo à pied. Parti de Lomé le 19 février 2019, il sillonne les villes et villages du pays notamment Kévé, Tsévié , Gapé, puis dans la chaine de montagnes de l’Atakora jusque dans les plateaux de Danyi, avec la collaboration et l’hospitalité des togolais de la localité.

Comme tout bon voyageur étranger, il prend soins, arrivé dans une localité, de se signaler aux autorités locales pour éviter qu’il ne soit confondu et classé au rang de malfaiteur.

Tout se passait normalement bien pour M. Barry jusqu’au 6 mars où son voyage le fait échoir dans la préfecture de Wawa plus précisément dans le canton de Eketo. Comme de coutume, les salutations d’usages et les présentations avec le chef du canton de la localité ont été effectuées. Après l’exposé du projet et du plan de voyage de M. Barry, sans mot dire, le chef canton fit une communication avec le préfet de Badou. C’est cette communication qui va modifier le projet et le plan de voyage de M. Barry. Il fut conduit dans le commissariat de la localité pour, disait-il, un contrôle d’identité. Après le contrôle des pièces d’identité, l’officier dit au chef canton que M. Barry n’a aucun problème à voir avec le préfet de Badou.

Mais il doit plutôt répondre devant son supérieur hiérarchique à savoir le commissaire de Badou. Joint au téléphone, le commissaire de Badou dit d’attendre le temps pour lui de prendre des coordonnées. Et ce n’est qu’au lendemain que le commissaire de Badou a débarqué avec deux éléments, direction Atakpamé.

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Mais tout a basculé lorsque M. Barry fut trimbalé d’Atakpamé à Kpalimé où il sera enfermé pendant 48 heures, pour être rabattu sur Lomé à la Direction Centrale de Renseignement Intérieurs (DCRI.) Mais pour M. Barry lui même, personne n’a été en mesure de lui dire exactement ce qu’on lui reproche malgré les innombrables interrogatoires qui vont et reviennent sur les mêmes questions.

C’est cette torture psychologique qui a été asséné au Guinéen pendant plus de 3 mois pendant lesquels il est soumis à un régime alimentaire d’une ration de 300frs CFA par jour.

Ce que le prévenu innocent a converti en une grève de faim de trois jours. Même affaibli par la grève de la faim, la séquestration va bon train. C’est au cours d’une des conversations des agents avec leur chef hiérarchique que ce dernier dit se foutre éperdument de la grève de la faim d’un quelconque Barry. Et s’il faille qu’il meure, tant pis.

Surpris par cette réaction de leur supérieur, M. Barry fut pris de peur puisque cela fait 3 mois déjà que ni sa famille, ni les autorités guinéennes ne savent pas qu’un certain Barry croupissait dans les girons de la DCRI.

Dieu aidant, selon lui,  il a eu la chance de s’échapper pour aller chercher secours d’un avocat à l’ambassade du Sénégal. Pour lui, il ne sert à rien de fuir, pour donner l’impression d’une évasion, laissant du doute sur sa personne. Il a décidé volontairement de se présenter au Procureur pour savoir ce qui lui était reproché. C’est de l’ambassade du Sénégal qu’il a été introduit d’abord à Amnesty international qui s’est chargée de l’amener auprès du procureur.

Ce n’est chez le procureur que le morceau est lâché. M. Mohamed Barry est soupçonné de recueillir des informations pour une organisation de terroriste. Même si les recherches sur l’implication de M. Barry dans une collaboration avec des organisations terroristes, n’ont rien donné,  les forces de l’ordre cherchent toujours des prétextes pour garder le sieur Barry.

Une procédure est engagée, avec l’abandon du premier Chef d’accusation et l’option de l’expulser du Togo. Le jeune Barry, intellectuel de son état et communicateur (licence en sociologie, agent commercial, responsable d’agence de communication, organisateurs des soirées d’affaires,) a confié aux juges qu’ils porteraient plaintes contre les autorités togolaises, notamment la police si les charges fallacieuses retenues contre lui n’ont permis d’avoir des éléments qui l’inculpent.

C’est ainsi que le sieur Barry a été encore ramené à la DCRI, puis à la Direction Centrale de la Police  Judiciaire.

A la DCPJ, d’autres chefs d’accusation sont encore apparus dans le même dossier. Ici on ne parle plus d’espionnage pour une organisation terroriste mais que M. Barry détient des faux documents d’identité dont il fait usage depuis son entrée au Togo.

Tantôt c’est la procédure d’extradition qui est en cours pour qu’il quitte le pays, tantôt c’est la vérification des informations sur lui pour s’assurer qu’il ne joue pas à un double jeu.

Il ne comprend rien du tout de cette affaire.  Sur la question de la pièce d’identité, il a prouvé par d’autres documents en sa possession qu’il s’agissait bien de lui et qu’il n’avait aucun intérêt à faire de fausses pièces.

Mais c’est le fait d’avoir maintenu qu’il porterait plainte contre la police pour violation de ses droits qu’il est malmené.

La rédaction de l’Indépendant Express a contacté l’avocat qui confie avoir enclenché une procédure d’expulsion. Pour lui, d’ici la semaine prochaine, il sera écouté par le juge d’instruction. L’avocat précise faire cette demande d’expulsion afin que son client soit libre.

Mamadou Barry lui pense que c’est injuste qu’il soit privé de sa liberté pour n’avoir rien fait et expulsé d’un pays qu’il aime et pour lequel il voudrait bien travailler à faire découvrir.

Plusieurs situations de non droit comme celle de Mohamed Barry sont vécues par des détenus au Togo. Une affaire qui repose la question des droits de l’homme et la carence du système judicaires.

Curieusement, le jeune malmené s’appelle lui aussi Barry, comme pour rappeler l’autre Mamadou Barry, Guinéen aussi de son état inhumé hier  dans son village natal en Guinée après son assassinat le 19 juillet dernier dans une banlieue de Rouen en France. Comme quoi, le racisme porte le meurtre de son Mamoudou Barry, le Togo veut porter la détention arbitraire de son Mohamed Barry. Tous les appels pour demander l’avis de la représentation diplomatique de la Guinée au Togo sont restés sans suite. La Guinée a abandonné son citoyen, victime de détention arbitraire dans la prison de Lomé.

Alfredo Philoména. 

 

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