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TOGO: JUSQU’OU IRA L’OPPOSITION DU G-6 ?

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GROUPE DES SIX
Photo des responsables des six partis membres

Moins ronflant ou quasiment absent dans les médias, une diplomatie de couloir pour ainsi dire, reprenant quidam, le Groupe des Six partis d’opposition (G-6) depuis son lancement, s’est doté d’une stratégie nouvelle de la lutte politique, aussi loin des récurrentes scènes de confrontation permanente observées jusqu’à présent. Une manière quelque peu repenchée de la lutte politique au Togo qui mérite une petite visite du stand du G-6. Une nouvelle stratégie politique qui a besoin d’être décryptée pour mieux aider à atteindre l’objectif de l’alternance auquel aspirent tous les togolais.

 Il est sans doute trop tôt, de devoir une fière chandelle à ce Groupe des Six qui se bat ces derniers temps par sa nouvelle orientation des débats politiques, mais l’on ne se priverait pas tout de même de reconnaître qu’il y a quelque chose de plus nouveau sur le terrain, quelque chose de plus cohérent et donc de plus prometteur dans la démarche proposée par l’ADDI, les FDR, le MCD, Les Démocrates, le Parti des Togolais et Le Togo Autrement, soit ces six formations politiques de l’opposition togolaise qui depuis quelques mois, impriment une autre marque politique à la question des réformes et à la tenue des élections locales, donc de la décentralisation. S’ils maintiennent le cap et font une cure politique endogène, ils pourront alors aider de quelque manière la nation, l’histoire politique du Togo étant marquée par des divisions qui riment aussi avec l’éclatement des regroupements.

Diplomatie, le G-6 se jette à l’eau

Si le Togo s’est enlisé dans une crise politique trop profonde ou toute tentative de sortie n’est pour l’instant que fiasco, c’est aussi parce que la marque de la diplomatie de proximité a été pendant longtemps oubliée, plutôt ignorée par la plupart des acteurs de l’opposition togolaise, restée indéfiniment dans une démarche belliqueuse, esprit de confrontation permanente avec le régime togolais qui d’ailleurs, ne prenait pas moins de risques pour étouffer toutes velléités de changements avec des résultats qui sont bien connus de tous, morts et blessés.

S’agissant de la communauté internationale ou des diplomaties africaines et occidentales, l’opposition togolaise ne se privait pas d’ardeur à les couvrir d’opprobre, les responsabilisant quelque fois de la pérennité de la dictature au Togo. La CEDEAO, l’Union Africaine, l’Union Européenne, la Francophonie, la France, les Etats-Unis, etc. ont été peu ou prou « mis dans la sauce », chargés à tort ou à raison de soutenir le régime Gnassingbé ou d’être des béquilles politiques ou une caution morale pour un régime qui vient de boucler 50 années au pouvoir.

Or, sans même évoquer les fondements de la mondialisation ; le monde devenant un village planétaire où chacun a besoin de l’autre pour avancer, il faut aussi convenir qu’en politique, le lobbying de toutes entités nationales et ou internationales est nécessaire, voire indispensable pour asseoir les bases d’une démocratie véritable.

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C’est dans cette logique que semble s’inscrire le Groupe des Six, qui depuis plusieurs mois, multiplient rencontres et actions à l’égard des chancelleries accréditées au Togo, afin d’amener les diplomaties occidentales à se lancer dans un véritable lobbying et impacter positivement le gouvernement togolais dans la quête des voies salvatrices pouvant aboutir aux réformes constitutionnelles et institutionnelles et la tenue des élections locales.

Ainsi, si la CEDEAO s’est toujours impliquée dans la résolution des conflits politiques au Togo, mais le plus souvent dans un rôle quelque peu déplorant de « pompier » ou de « médecin après la mort », le G-6 pense aujourd’hui que cette institution sous régionale à plus de rôles à jouer en amont plutôt qu’en aval pour les règlements des conflits.

C’est pour cela, qu’après avoir échangé avec le Représentant de la CEDEAO au Togo et lui confier leurs attentes vis-à-vis de cette institution concernant les questions de réformes et de la décentralisation au Togo, les membres du G-6 ont également adressé des courriers aux Chefs d’Etat de la CEDEAO sur le sujet. Aujourd’hui sont-ils plus que jamais convaincus que les voies de la diplomatie et du pacifisme sont nécessaires pour un dénouement heureux des questions politiques qui souvent, se figent au Togo.

D’après les informations provenant des partis membres, Le G-6 ne se contente pas seulement des démarches diplomatiques, loin s’en faut. Désormais, il se tourne vers les forces vives de la nation togolaise pour les inviter davantage à l’action. Pas mal !

Les Forces vives pour enfin redémarrer

De par leurs atouts ou actions, elles contribuent de quelque manière que ce soit, à améliorer la société togolaise, favorisant l’équilibre sociétal du pays, sa stabilité et son essor économique, les forces vives de la nation togolaise puisque c’est d’elles qu’il s’agit, sont aussi des acteurs incontournables qui peuvent être mis en contribution pour imprimer une dynamique politique nouvelle au Togo.

Conscient, le Groupe des Six a initié depuis un moment, une série de rencontres et d’échanges avec ces forces vives de la nation togolaise afin de les faire connaître leurs propositions sur les questions de réformes et de la décentralisation, ensuite les intéresser pour enfin les amener à s’impliquer, chacune selon sa capacité et ses moyens d’action, pour que les réformes et les élections locales qu’appellent de tous les vœux les populations togolaises, soient effectives.

Dans cette optique, le G-6 s’est entretenu avec les responsables des Universités Sociales du Togo, (UST) qui englobent une bonne dizaine des acteurs et groupes de la société civile, il a échangé avec la Conférence des Évêques du Togo sur le plaidoyer qu’il propose en faveur des réformes politiques et de la décentralisation, les membres du groupe ont mieux expliqué au Conseil chrétien leur nouvelle démarche politique, ils ont rencontré les prêtres vodous et chefs traditionnels, ces derniers plus considérés comme des valets du pouvoir en place, mais dont leurs rôles ou actions peuvent aussi contribuer à faire bouger les positions qui jusqu’à présent, sont restées figées. Les responsables de l’Union Musulmane du Togo et d’autres couches sociopolitiques du pays seront les prochains hôtes de ce regroupement des partis d’opposition.

Il apparait donc que le G-6 veut véritablement ratisser large afin que chaque maillon de la chaîne nationale puisse pleinement jouer le rôle qui est le sien dans la construction d’une nouvelle société responsable et respectueuse des droits et libertés individuels des citoyens, en s’engageant résolument pour la consolidation de la démocratie et l’édification d’un Etat de droit. Mais que propose en réalité le Groupe des Six ?

 Force à l’APG, mais le HCCRUN pour décoller

 A la fin de la présidentielle de 2015 qui a été contestée et portée par les questions de réformes constitutionnelles et institutionnelles, la vie politique du pays se caractérise par une léthargie et un immobilisme de la classe politique. Cette dernière semble être en panne d’initiatives susceptibles de réveiller les consciences et de susciter au sein de la population l’espoir d’un Togo démocratique. Il faut apporter du nouveau, un souffle nouveau à la lutte démocratique afin de recréer l’espoir et l’engouement au sein du peuple. Des objectifs que s’est assigné le Groupe des Six avec une propension nouvelle, cette disposition à faire les choses autrement.

Ainsi, en se fondant sur les conclusions de l’atelier du HCRRUN organisé en juillet 2016 sur les questions de réformes politiques et institutionnelles, le G-6 estime qu’il faut « capitaliser » sur les « acquis » puisque, « dans un large consensus, cet atelier a produit un rapport qui confirme la nécessité d’opérer les réformes institutionnelles et constitutionnelles contenues dans l’APG et repris par la CVJR », soutient-il avant de croire que « certaines de ces recommandations sont considérées comme nécessitant une mise en œuvre immédiate ».

Cette proposition du groupe repose, d’une part, sur le fait que l’atelier du HCRRUN est l’expression de la volonté explicite du Chef de l’Etat qui en a pris l’initiative, et d’autre part, que le rapport qui en est issu a fait l’objet de consensus des participants.

Si certains estiment que les conclusions de l’APG sont caduques, le Groupe des Six ne fait pas la même lecture des choses, mais pensent néanmoins qu’on peut avancer avec les conclusions acceptées par tous à l’issue de l’atelier HCRRUN, le temps de revenir sur les autres détails de l’APG.

A noter que l’atelier HCRRUN a tranché concernant le mandat présidentiel limité à cinq (5) ans, renouvelable une seule fois, et pour la décentralisation, la communalisation intégrale doit être appliquée, en intégrant les communes dans une préfecture, elle-même inscrite dans une région.

S’agissant du mode de scrutin et le découpage électoral, ledit atelier, a retenu que les élections présidentielle et législative doivent se dérouler au suffrage universel direct selon le mode de scrutin uninominal majoritaire à deux (2) tours. Les élections locales doivent avoir lieu au suffrage universel direct, au scrutin de liste bloquée et à la représentation proportionnelle. Les candidatures des individus sans le parrainage des formations politiques peuvent être encouragées.

Pour ce qui est du découpage électoral, il doit être le plus équitable possible et devra être réalisé sur les critères démocratiques de démographie et de superficie, avec un mécanisme de pondération entre les deux.

D’autres dispositions ont été prises concernant le contrôle des comptes de campagnes et les réformes des institutions de la République.

Alors, le G-6 propose que soient déférées à l’Assemblée nationale, les réformes concernant la limitation du mandat présidentiel, le mode de scrutin, le découpage électoral et le contrôle des comptes de campagne. Pour ce faire, le gouvernement togolais doit prendre l’initiative d’un projet de loi. Sur la décentralisation, un premier projet de loi entérinant la recommandation a été introduit en avril 2016 à l’Assemblée nationale par l’Exécutif togolais, puis retiré pour complément d’informations. « Il faut réactiver le processus », pense le groupe des Six partis politiques.

A tout prendre, l’on se rend à l’évidence que le Groupe des Six s’est inscrit dans une nouvelle approche qui pourrait enfin faire bouger les lignes. La logique de la confrontation permanente qui faisait braquer le pouvoir en place étant épargnée, de manière plus responsable, pouvoir et opposition, peuvent s’asseoir pour discuter de la vie de la nation et se faire confiance.

L’autre facteur qui consacre que le G-6 est dans une dynamique nouvelle, c’est le fait d’avoir réussi à écarter les éléments susceptibles de provoquer la division au sein du regroupement. Pas de nom donné au GROUPE qui pourrait susciter des tiraillements entre certains membres du fait de leur regard sur la dénomination, chacun voulant se lancer dans une démonstration pythagoricienne pour prouver que c’est sa formule qui est la meilleure équation, pas de Président ni de Secrétaire pour le GROUPE, bref pas de Bureau politique évitant de justesse la crise de leadership qui constitue le talon d’Achille de l’opposition togolaise. Pas de piques politiques ou se lancer des invectives par médias interposés ni entre les membres du Groupe ni envers ceux des autres coalitions de l’opposition, le Groupe des Six a d’ailleurs reconnu le statut de Chef de file de l’opposition au Président de l’ANC et travaillant en parfaite harmonie avec le CAP 2015.

Facteurs limitants du G-6

Le Groupe des Six comme indiqué, mène un travail efficace pour réorienter la stratégie d’obtention des réformes et de l’alternance politique. Sur le fond, toutes les requêtes introduites dans les différents couloirs ne sont nouvelles. C’est ce que l’APG a préconisé, c’est ce que tous les autres partis introduisent au gouvernement. Les partis parlementaires et extra-parlementaires, la société civile, les acteurs de la lutte pour l’alternance ont longtemps épilogué sur ces propositions. Ils ont été tous confrontés à l’entêtement du régime politique à opérer les réformes. Tout laisse donc à croire que le problème au fond ne se trouve pas, en réalité, dans l’aporie des stratégies, mais dans la volonté politique d’un régime qui ne veut céder à aucune action favorisant l’alternance.

Le second facteur est l’influence quantitative et qualitative des partis qui composent le G-6. Beaucoup pensent que ces six formations politiques prises collectivement, n’ont pas cette côte de popularité dont dispose aujourd’hui le plus grand parti de l’opposition qu’est l’ANC pour influencer considérablement le jeu démocratique au Togo. En politique, le nombre de voix est une condition sine qua non pour impacter sur les débats politiques. En clair, le G-6 peut beau avoir des stratégies et faire des propositions académiciennes, s’il n’a pas de base solide à appeler pour soutenir cette orientation, on ne saura faire bouger les lignes. Aujourd’hui, c’est le travail auquel devrait s’adonner les différents partis du G-6. Arriver à se donner une base électorale, avoir des militants suffisants pour mettre la pression quand il faut et sanctionner dans les urnes dans les conditions normales d’élections.

Enfin, le G-6 devrait paraître aussi comme un regroupement hétéroclite, puisque certains responsables de partis membres ne bénéficient suffisamment pas d’une bonne moralité à convaincre et les acteurs politiques, les diplomates et les populations. Ils ont déjà brillé par des déclarations et des attitudes scandaleuses qui les rattrapent constamment.

La diplomatie de coulisse est un départ, un bon départ, mais elle doit être fondée sur du sérieux et de la crédibilité vis-à-vis de tous les acteurs.

La petite visite du stand du Groupe des Six se referme ainsi, révélant assez d’éléments positifs qui pourront concourir à sortir le Togo de l’ornière dans laquelle il s’est engouffré depuis des lustres. C’est en fait, le vœu de toute une nation qui pour l’instant, continue par se chercher.

Sylvestre K. BENI

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