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Togo / Économie : Titrisation outrancière, indicateurs au rouge…

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Adji AYASSOR et Sani Yaya, respectivement ancien et nouveau Ministre de l’Économie et des finances
Adji AYASSOR et Sani Yaya, respectivement ancien et nouveau Ministre de l’Économie et des finances

Cela fait sourire lorsque l’opinion nationale d’un pays comme le Togo est invitée à applaudir parce que le FMI a injecté des milliards pour redresser l’économie. Cela devrait susciter des grincements de dents, face à la gestion calamiteuse, tout simplement parce que l’intervention des institutions de Brettons-Wood dans l’économie d’un pays est synonyme de désastre, d’endettement à croissance exponentielle. C’est le cas du Togo dont l’économie est sous tutelle avec des programmes et projets hasardeux, mal ficelés qui ont permis de détourner les fonds et les aides. La conséquence est directe, les indicateurs sont au rouge, l’économie togolaise est sous perfusion et si on n’y prend garde, les salaires des fonctionnaires seront affectés, les projets de développement suspendus et la pauvreté accentuée. L’économiste Thomas KOUMOU a tiré la sonnette d’alarme à plusieurs reprises. Des injonctions qui nous amènent à l’analyse d’une économie togolaise endeuillée par une gestion à vau-l’eau.

Depuis quelques années, l’économie togolaise est mise à rude épreuve. Après l’orientation approximative et suicidaire à elle assignée par l’ancien ministre de l’Economie et des Finances, Adji Otèth Ayassor, finalement limogé dans l’affaire ANTASER qui a été la goutte d’eau qui a débordé le vase, son successeur, Sani Yaya est appelé à la rescousse et à la lourde tâche de redresser une économie en lambeaux en payant les pots cassés, non sans grandes difficultés.

C’est un secret de Polichinelle. Au Togo, le secteur privé est lésé, anéanti et neutralisé. Alors qu’il est le secteur par excellence de la création de la richesse et de l’emploi. Il est marginalisé sur toute la ligne, en témoigne l’influence du Conseil National du Patronat et les activités des autres institutions du secteur privé. Conséquence, le pays peine à décoller parce que les autorités ont préféré promouvoir et encourager le secteur public miné par l’opacité de la gestion, le laxisme et les crimes économiques impunis.

Un exemple pour étayer cette thèse : Sous le ministre Ayassor, le Projet d’Appui au Développement du Secteur Privé (PADSP) financé à près de 7 milliards de FCFA par la Banque Mondiale s’est révélé être un fiasco à cause des manœuvres d’un certain Yves AMEGNIZIN qui se trouvait être le coordonnateur. Le programme était sous la coresponsabilité des ministères de l’Economie et des finances et du commerce chargé du secteur privé. Prévu pour être clôturé en 2016, la Banque Mondiale a dû écourter l’échéance en raison des effets dévastateurs qui le minaient : Quelques impacts de la suspension du projet.

Lourde perte financière d’investissement, plus de 368 millions de FCFA gaspillés dans des études sans suite qui a conduit cet ambitieux processus en bateau, avec des malversations financières tous azimuts. Ce qui a provoqué la colère de la Banque Mondiale qui a suspendu ce projet à travers lequel le secteur privé devrait normalement retrouver la place censée être la sienne. Le coordonnateur Yves AMEGNIZIN a disparu en toute impunité, le min

Yves AMEGNIZIN, coordonnateur du PASDP
Yves AMEGNIZIN, coordonnateur du PASDP

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istre de l’économie a été limogé et remplacé, et la ministre chargée du secteur privé est restée maintenue sans s’inquiéter. Voilà une référence qui a occasionné la descente aux enfers de toute une économie.

 

Dans une publication faite par l’association Veille Économique de l’expert en économie et finance, Thomas KOUMOU, il est question d’une situation scandaleuse qui est aussi la cause de l’effondrement de l’économie : « Nous souhaitons informer une fois de plus nos compatriotes sur l’une des méthodes qui ont conduit à une augmentation rapide de notre niveau d’endettement public, estimé selon les gouvernants à plus de 1 800 milliards de FCFA. Il faut comprendre que lorsqu’on parle de la dette publique du Togo, on parle aussi bien de la dette intérieure comme de la dette extérieure. Nos compatriotes doivent savoir que les gouvernants ont transféré dans le portefeuille de la dette intérieure les dettes de certaines sociétés d’état en liquidation telles que : SOTOCO (15 882 670 271 FCFA), OTP (ancien Office Togolais des Phosphates, 14 563 455 415 FCFA), IFG (qui a succédé à OTP, 13 107 879 662 FCFA), TOGOPHARMA (1 068 916 050 FCFA), FER (Fonds d’Entretien Routier, 4 920 535 416 FCFA), FICAO (11 263 506 256 FCFA). En termes clairs, vous et moi avons doté les sociétés d’état de capitaux pour leur fonctionnement, les gouvernants ont dilapidé les ressources de ces sociétés, ils ont transféré la dette dans le portefeuille de la dette intérieure du pays, vous et moi ainsi que nos enfants allons payer cette dette. Autant dire que nous sommes en esclavage. »

Cette situation exposée par le responsable de Veille Économique est un concept économique très corrosif et dénoncé par les analystes macroéconomiques. Cela s’appelle La TITRISATION DES CREANCES.

La titrisation est une technique financière qui transforme des actifs peu liquides, c’est-à-dire pour lequel il n’y a pas véritablement de marché en valeurs mobilières facilement négociables comme des obligations. Chaque investisseur acquiert en quelque sorte une fraction du portefeuille d’actifs titrisés, sur la base des flux financiers futurs des actifs qui garantissent le remboursement des obligations.

C’est ce que l’ancien ministre Ayassor conseille au Togo qui a consisté à obtenir des prêts auprès de grandes banques sur plusieurs années et qui obligeaient l’Etat togolais, à chaque exercice, à verser près de 120 milliards FCFA pour effacer une partie de ses dettes qui ont servi à faire pousser de terre des éléphants blancs. Des projets dont l’existence physique n’existe nulle part. Ce qui veut dire qu’une partie des fonds a pris une destination inconnue, l’autre partie ayant servi à contenir les menaces de grève pour arriérés de salaires. Plusieurs paradigmes sont mis en jeu dans ce concept, nomment les détails liés à la structuration du prix du litre du pétrole à la pompe et d’autres taxes qui ne profiteront qu’aux individus qui continuent de circuler librement.

Or, les sociétés d’Etat hypothéquées pour consentir ces prêts sont dans un état comateux en raison de la même mauvaise gestion. On se rappelle le scandale de détournement à TOGOPHARMA exposé par la commission anticorruption en 2001, les différentes dérives et malversations dans la gestion de l’OTP, du FER, de la SOTOCO, et de la FICAO cités dans la publication de l’association Veille Économique.

Aussi d’autres sociétés ont-elles été mises à mort dans les mêmes conditions de malversations. On peut citer, entre autres l’Office des Produits Agricole du Togo (OPAT), la Caisse Nationale de Crédit Agricole (CNCA) et plusieurs Hôtels dont Hôtel de la Paix, Tropicana etc.

A ce jour, ni les directeurs généraux ni les liquidateurs de ces sociétés ne sont inquiétés. Au contraire, ils pavanent à longueur de journée et narguent les togolais à la tête de plusieurs autres structures. C’est le cas de Ferdinand Tchamsi qui a ruiné le FER, de Charles BIRREGAH qui a détourné les fonds de liquidation de l’OPAT,  de Yves AMEGNIZIN du PASDP pour ne citer que ceux là.

Cela prouve à suffisance que l’impunité économique qui règne ne peut permettre l’éclosion d’une économie sérieuse et compétitive.

La crise des surprimes d’août 2007 en Europe et aux Etats Unis, une crise qui a affecté l’économie planétaire a mis en lumière certaines dérives dans l’utilisation de la titrisation des créances immobilières. On a mis en cause la mauvaise qualité des créances titrisées, la mauvaise liquidité de ces titres, le travail des agences de notation ainsi que le principe même de la titrisation qui ne permet pas toujours d’avoir une vision claire de la situation des débiteurs (eux-mêmes mal identifiés) et des risques réellement pris. Et pour le Togo, le risque fut grand et les conséquences fastidieuses.

Le révoltant cas du PUDC

Victoire DOGBE Tomegah, Ministre du Développement à la base
Victoire DOGBE Tomegah, Ministre du Développement à la base

 

Le PUDC est défini comme le Programme d’Urgence de Développement Communautaire. C’est un programme mijoté dans les réseaux de la Directrice de Cabinet, Victoire Sidémého DOGBE, mis dans la complicité de gestion du ministère du développement à la base. C’est le Programme des Nations Unies pour le Développement qui pilote ce programme. Les experts en développement dénoncent l’esprit de ce projet qui est loin du schéma exécuté au Sénégal.

C’est assez clair que le Programme en question met à la touche plusieurs institutions de l’Etat. Les prérogatives assignées à ce programme font penser que plusieurs structures de l’Etat ont échoué. Notamment le ministère des infrastructures, le ministère de la décentralisation, les délégations spéciales, et même le ministère du développement à la base.

Financé à 155 milliards de FCFA pour l’Etat togolais, les différentes réalisations du programme sont sous traitées au PNUD qui naturellement devrait tirer sa part de commission. Alors que cette part devait permettre de réaliser d’autres projets au profit des populations vulnérables.

Par ailleurs le choix sociologique des cibles et des localités pour les ouvrages est biaisé. Il est plutôt politicien, ce qui revient à constater que certains ouvrages ne répondent pas aux réalités.

Quant à la gestion, on attend la fin pour voir comme d’habitude des dégâts.

Là encore il y a de l’amateurisme dans la gestion et c’est l’économie qui en pâtit.

Plusieurs autres programmes devraient relever le niveau de l’économie du pays mais des prédateurs précités n’ont jamais pu délivrer le pays des détournements et de la mauvaise gouvernance.

La dette s’alourdit, les problèmes s’accumulent, les revendications, notamment des enseignants restent insatisfaites et le Togo baigne dans une situation d’austérité sans égal.

On espère que les esprits avisés pourront prendre la mesure de la menace économique et engager une véritable action d’exorcisme de l’économie togolaise avant que la satisfaction des besoins élémentaires ne devienne impossible.

Carlos KETOHOU

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