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INTERVIEW : BRIGITTE ADJAMAGBO JOHNSON : «…nous ne laisserons pas Faure Gnassingbé avoir un quatrième mandat…»

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Kafui Brigitte ADJAMAGBO JOHNSON Secrétaire Nationale de la CDPA
Kafui Brigitte ADJAMAGBO JOHNSON Secrétaire Nationale de la CDPA

 

Infatigable harangueuse de foules lors des manifestations politiques de l’opposition réunie au sein du CAP 2015, l’une des femmes politiques à avoir été candidate à l’élection présidentielle, héritière d’une îcone de l’opposition togolaise nommée Léopold Messan GNININVI qui s’est retirée sans bruit et dans la sagesse de la politique, Brigitte Kafui Adjamagbo Johnson est un femme determinée et engagée.  Ici, à travers ses lignes, elle sort les cartouches de l’opposition à obtenir pour une ultime fois l’alternance. Le 4ème mandat de Faure Gnassingbé, la vie de son parti la CDPA et de la coalition de l’opposition CAP 2015, les reformes politiques et les échéances à venir, la secretaire nationale de la CDPA se veut rassurante. Elle évoque l’impérieuse nécessité de l’alternance politique au Togo en raison des difficulties sociales et économiques auxquelles sont confrontées les populations togolaises. Elle à bien voulu répondre à nos questions. Lecture

Indépendant Express :   Brigitte Kafui Adjamagbo-Johnson, Bonjour

Brigitte Kafui Adjamagbo-Johnson : Bonjour à vous et à travers votre journal, bonjour à vos lecteurs auxquels je présente mes vœux de santé et d’une année plus clémente à tout point de vue.

Le CAP 2015 dont la CDPA fait partie avait dénoncé le 3ème  mandat de Faure Gnassingbé. Aujourd’hui, il a bouclé deux ans du 3ème  mandat. Rien n’exclut qu’il fera un 4ème  mandat, Qu’allez-vous faire, vous de  l’opposition togolaise? Dénoncer pour dénoncer encore et toujours ?

C’est impensable !

Alliance Togo Informatique

Faure Gnassingbé a réussi à nous imposer son 3ème mandat que nous, nous estimions de trop ; mais on soutenait à tort qu’il fallait fermer les yeux sur ce mandat et que c’est le prix à payer pour obtenir les réformes politiques.

Empêtrés dans ses contradictions, l’opposition n’a pas su mobiliser comme un seul parti le peuple pour faire gagner le Togo ; encore moins, empêcher ce régime de refaire main basse sur notre victoire comme les gambiens viennent de nous le démontrer.

Maintenant que Faure Gnassingbé a volé ce 3ème mandat, il faut qu’il nous restitue notre constitution de la 4e République que nous avons adoptée à plus de 95 %.

Ce qui est sûr, nous ne devons plus laisser Faure Gnassingbé créer les conditions pour avoir un 4e mandat ; s’il prend encore cette responsabilité, j’espère cette fois-ci qu’au sein de l’opposition, personne ne jouera contre son propre camp, afin de mobiliser tout le peuple dans toutes ses composantes pour barrer la route à ce régime cinquantenaire. Tout acte contraire à cette approche ne sera plus considéré par les togolais comme une erreur politique, mais comme un crime contre notre peuple.

Aujourd’hui, vos actions, c’est-à-dire les actions du parti ne sont plus visibles que dans le CAP 2015 de l’ANC. Ce qui, pour certains, laisse croire que sans le CAP 2015 avec l’ANC comme la locomotive, la CDPA ne pèse plus lourd sur l’échiquier politique togolais. Que répondez-vous Madame Adjamagbo ?

CAP 2015 est une coalition électorale de quatre partis ; bientôt cinq avec l’adhésion du Parti socialiste africain, le PSA que dirige le député Targone Sabrini.

Retenez aussi que le CAP 2015 se présente et fonctionne comme un TGV ; vous savez, ce magnifique train à grande vitesse dont on ne distingue ni la tête ni la queue, qui roule très vite mais en silence et enfin qui arrive dans les gares et repart sans opérer la moindre manœuvre de repositionnement de la motrice. C’est dire que tous les membres de CAP 2015 apportent leur unique contribution à l’atteinte des objectifs du groupe.

Vous affirmez que la CDPA ne pèse pas lourd sur l’échiquier politique togolais… Cette affirmation, dont je vous laisse l’entière responsabilité, me laisse croire que votre balance ne livre le poids d’un parti politique qu’en fonction du nombre de ses élus. Si tel est le cas, vous avez raison; mais nous l’assumons à la CDPA. Nous l’assumons parce que depuis notre naissance dans la clandestinité et jusqu’à l’alternance politique au Togo demain, en passant par le 5 octobre 1990, nous à la CDPA étions, sommes et seront de tous les combats ; nous à la CDPA étions, sommes et resteront cohérents et surtout fidèles à notre cri de cœur de Tchékpo démocratie d’abord, multipartisme après.

Vous savez quand on fait un tel choix, on laisse beaucoup de plumes et inévitablement on perd des kilogrammes et c’est normal. Mais l’avenir nous dira si nous avions eu tort de placer le Togo devant  les intérêts partisans.

Des membres de votre parti étaient les pionniers de la lutte démocratique amorcée en 90. Mais le 13 Janvier 2017, le régime Gnassingbé a bouclé un demi-siècle au pouvoir. Est-ce que cela n’est pas synonyme d’échec de toute l’opposition à réaliser l’alternance ?

Ah ! Je note dans cette question que vous nous reconnaissez déjà un rôle de pionner à la CDPA. Merci pour ce début de rectification.

Oui, je suis d’accord avec vous : cinquante ans de lutte sans alternance, c’est trop ; mais faut-il  en conclure pour autant que la lutte a abouti à un échec ? Je serai moins catégorique.

A la CDPA, les cinquante années de régime RPT mué en UNIR incarnés par la famille Gnassingbé nous interpellent plutôt et renforcent notre détermination à obtenir l’alternance au plus grand tard en 2020. J’observe qu’il en est de même pour les autres partis politiques et d’autres acteurs togolais. C’est donc dire que l’heure n’est pas au découragement, mais à l’action.

La CDPA a paraphé l’accord du 20 Août 2006, c’est-à-dire l’APG qui fait obligation d’opérer les réformes. Onze (11) ans après cette assise d’août, aucune avancée significative n’est enregistrée. Croyez-vous encore à une effectivité des réformes dans les 3 ans qui restent à Faure Gnassingbé pour finir son 3ème  mandat ?

Onze années vues à l’échelle des hommes, c’est effectivement beaucoup ; mais que valent onze années dans la vie d’une nation. Nous sommes entrain de devenir une nation : la nation togolaise, qui tel un fer à forger a été mise aux feux à l’aube de l’indépendance. Depuis elle a fait du chemin surtout après 1967. Vous savez, à force de vouloir nous diviser pour mieux régner, à force de vouloir nous affamer pour mieux nous asservir, à force de nous faire peur pour perpétuer un règne marqué par le cynisme et le dilatoire, ce régime a réussi au moins une chose : développer notre capacité de discernement et favoriser l’émergence d’une conscience politique ; en un mot, il a accéléré la naissance de la nation Togo.

Aujourd’hui tous les togolais et togolaises du sud au nord, de l’est à l’ouest, de la diaspora, quelle que soit leur appartenance politique ou communautaire, aspirent profondément à voir notre pays aller vers les réformes politiques pour asseoir notre jeune démocratie sur un socle solide. Même la minorité qui trouve son intérêt avec ce régime en place sait au fond d’elle que le changement profitera à terme à la postérité et donc à sa propre descendance.

Vous me demandez si je crois encore à l’effectivité des réformes et j’ajouterai à la tenue des élections locales transparentes avant la fin du règne de Faure Gnassingbé ? Bien sûr que oui ; Comment ne pas croire à cette évidence dans un contexte aussi favorable ?

Faure Gnassingbé n’a pas le choix et il gagnerait en accompagnant le mouvement. Ce faisant, il choisirait de rentrer dans l’histoire par la grande porte ; mais s’il cherche à résister à la volonté d’une nation, c’est la poubelle de l’histoire qui l’attend.

L’année prochaine se tiendront les élections législatives. Votre parti participera-t-il à ce rendez-vous électoral ?

Avant de venir à votre question permettez-moi de présenter un aspect de la situation de nos populations. L’ampleur de la pauvreté au Togo, les conflits sociaux, l’augmentation du prix du carburant, les difficultés des jeunes à accéder à un emploi décent, la diaspora qui piaffe d’impatience à revenir se mettre au service de ce pays, les problèmes des femmes et autres groupes vulnérables qui n’ont droit qu’aux actions de saupoudrage, etc.

Ces problèmes du quotidien des togolaises et des togolais nous préoccupent beaucoup et nous comptons intensifier la bataille pour l’alternance sur ce front. J’espère que nous en parlerons une prochaine fois en détail.

Pour répondre maintenant à votre question, je dirai d’ici les élections législatives, nous avons du pain sur la planche. Il nous faut avant tout arracher les réformes politiques et aussi la tenue des élections locales. Je pense que le consensus est désormais fait sur ces points qui se trouvent dans l’APG.

Parallèlement à notre combat politique, nos militants investissent le terrain pour consolider notre implantation et préparer la CDPA à conquérir le pouvoir et l’exercer.

Justement, parlant de vos militants, les militants de la Convention Démocratique des Peuples Africains, comment se portent-ils. Dites-nous comment se porte votre parti, la CDPA par rapport à sa vie politique, surtout ses actions pour l’alternance et le changement ?

Comme les togolaises et les togolais, la CDPA est inquiète de voir cette année 2017 débuter avec des revendications sociales non satisfaites, l’augmentation du prix de l’essence, les mêmes manœuvres dilatoires qui ne rassurent pas sur la mise en œuvre prochaine des réformes politiques et la tenue des élections électorales que nous attendons. Mais comme mes compatriotes, la CDPA reste déterminée à parachever sa marche vers la démocratie qui passe inéluctablement par une alternance politique au pouvoir. Vous comprenez donc que notre objectif d’obtenir les réformes politiques et la tenue des élections locales n’a pas changé ; par contre au vue des problèmes que ce pouvoir ne cesse d’accumuler dans sa fuite en avant en pratiquant du dilatoire, notre champ de lutte a évolué. Désormais nous comptons être vigilants sur tous les fronts à savoir : politique, économique et surtout social.

Brigitte Kafui Adjamagbo-Johnson, merci

C’est à moi de vous remercier pour m’avoir donné cette opportunité.

Interview Réalisée par Sylvestre K. BENI

 

 

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