Compaoré le petit cireur
Comme Pascal Compaoré, ils sont nombreux à battre les pavés à longueur de journée à la recherche de leur gagne-pain. Butins qu’ils acquièrent grâce à l’exercice de leur tâche : cirer les chaussures ou les réparer au cas où celles-ci présentent quelques défaillances. Ils, ce sont les jeunes Burkinabè qui ont pris d’assaut ce secteur non moins économique. Ces jeunes ont pris la relève des Ghanéens devenus absents ces dernières années sur le territoire togolais. Pascal fait partie de ces jeunes aventuriers qui ont tous un objectif commun. Faire un peu de fortune, retourner un jour chez soi afin de soulager les parents qui ont placé beaucoup d’espoir en eux. L’Indépendant Express, votre journal s’est intéressé à Pascal, jeune Burkinabè qui parle de son aventure au Togo.
Parti de Sankadouré de l’autre côté de la frontière au Burkina, Pascal a réussi à rallier Cinkassé, ville togolaise la plus proche de son village natal. C’est de là que le jeune Burkinabè a pris le bus qui lui a permis d’échouer enfin à Lomé.
Sans perdre du temps, il s’est fait aider par ses amis qui sont déjà sur le terrain avant son arrivée. Vite, ils sont partis acheter les nécessaires pour le démarrage. Un petit sac placé en bandoulière à l’intérieur duquel sont disposés des outils de travail. Ce sont des brosses, des aiguilles, des fils, des boîtes à cire (noire, marron, neutre), des chiffons, de petits clous, sans oublier deux petites planchettes que Pascal cogne l’une contre l’autre pour signaler son passage.
Deux mois ont déjà écoulé, et le jeune cireur doit se battre tous les jours, pour assurer son pain quotidien ainsi que le loyer à la fin du mois : « La chambre nous coûte dix mille francs cfa (10.000 fca) par mois. Pour réduire les dépenses, nous avons constitué un groupe de cinq personnes. Tous des Burkinabè. Donc, à la fin du mois, je cotise deux mille francs cfa (2.000 fca). Le manger me revient à six cents francs par jour » avait-il confié.
Avec un gain journalier de trois mille francs (3.000 fca), régler le loyer à la fin du mois et assurer le minimum vital ne pose pas de soucis au jeune Burkinabè. C’est pourquoi, tous les jours il doit prendre son bâton de pèlerin A travers cirage et réparations des chaussures défaillantes, il s’en sort bien pour le moment.
C’est justement l’objectif visé par Pascal avant son départ de Sankadouré, son village natal : « Je ne suis pas venu pour me créer des ennuis. Je suis ici simplement dans le seul but de faire un peu de fortune et retourner voir ma femme et mon enfant que j’ai confiés à mes parents avant de quitter. Je suis là, rien que pour gagner de l’argent » a-t-il laissé entendre.
Visiblement, le jeune Pascal ne se plaint pas trop de sa situation au Togo. Il exerce tranquillement son métier et apprécie l’hospitalité qui lui est réservée ici. Ces voisins de chambre ne lui causent pas d’ennuis. Il y a une convivialité qui règne entre eux, selon les propres mots du jeune homme.
A la question de savoir, combien de temps il compte passer au Togo avant de retourner voir son fils bien aimé, Pascal trouve que c’est lorsque les objectifs seront atteints « Dans un an, si j’arrive à amasser suffisamment d’argent, je vais faire un saut au pays pour voir mes parents. C’est pourquoi, je prie beaucoup Dieu pour qu’il donne la force nécessaire pour continuer mon travail pendant ce temps que je vais passer ici » a-t-il clamé.
Avant les Burkinabè, ce sont les Ghanéens qui ont envahi ce secteur. Aujourd’hui, ils sont totalement absents sur le terrain. Certaines sources avancent la thèse la stabilité économique du Ghana.
Une chose est claire, c’est un déferlement de jeunes Burkinabè auquel on assiste dans ce secteur ces dernières années. Le cas de Pascal est assez illustratif.
Il n’a fait que suivre ses compatriotes prédécesseurs qui eux exercent déjà ce métier au Togo il y a un ou deux ans.
Hyacinthe GNAMEGLO