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WACEM : Enquête sur le spectre de la mort

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Drame mardi 30 juin dernier à l’usine de fabrication de Ciment WACEM à Tabligbo. L’explosion d’un tank à fuel est à l’origine de la tragédie. Bilan cinq(5) morts et un(1) blessé grave. Jusqu’à présent, l’amertume, la peine et la désolation se sont emparés de toute la population de Tabligbo et surtout les employés de WACEM. Ce drame qui pouvait être évité a mis en colère les autres employés de l’usine dont le fonctionnement a toujours été contesté par plus d’un. C’est accident survenu à  WACEM qui vient s’ajouter aux innombrables cas signalés de part le passé pose une fois encore l’éternel problème des conditions de travail dans ces usines dirigées par des expatriés que ce soit Libanais, Indiens et autres mais surtout la complicité des autorités togolaises dans cette situation. Dans ce dossier consacré à ce énième drame, nous allumons notre projecteur sur la vie dans ces usines, et aussi la responsabilité des autorités togolaises sensées défendre les employés qui sont après tout les citoyens.

Une marche silencieuse à Tabligbo samedi dernier qui présentait des visages attristés d’angoisse et de douleur a couronné la douleur consécutive à la mort des employés de WACEM. Les employés de la société de fabrication de Ciment en Afrique de l’Ouest WACEM ont sans doute passé leurs plus mauvais jours de travail ce mardi là. Un tank contenant du fuel servant à réchauffer le four qui prépare la matière, a explosé en contact du feu. L’explosion a fait 6 victimes (5 décès et 1 blessé grave). Mais comment est ce que les faits se sont produits ? Une équipe de l’Indépendant Express s’était rendu sur les lieux au lendemain du drame. Ceci nous a permis de recouper les informations et de reconstituer les faits tels que produits.

Les faits…

Il a été constaté depuis plus de deux semaines la coagulation du fuel dans un tank de capacité de 3000 mètre-cube situé au niveau du pont bascule de l’usine.

Ainsi les premiers responsables de l’usine ont ordonné au chef du département concerné le nommé SIKPA de placer entre le tank à fuel et le four un tuyau de transmission pour permettre une alimentation du four.

Celui a exigé de vider le tank avant toute exécution desdits travaux. Mais les responsables de l’usine, jouant plus pour leurs bénéfices directs ont tenu exigé que le tuyau de transmission soit placé sans délai. C’est ainsi que sous leur pression le sieur SIKPA demanda à la direction de WACEM la supervision du travail par un des leurs, d’où un indien du nom de RAVYNDA fut délégué.

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Dans l’après midi du mardi 30 juin 2015, le travail allait être fait. Certains employés (au total, composé de soudeurs et de chaudronniers) de WACEM, se sont rendus au niveau du tank à fuel avec les matériaux de travail dont le feu de soudure.

Les travailleurs ont commencé par travailler sur le tank à fuel et d’un seul coup sous l’effet de la chaleur produite par le feu et de compression qu’il y avait dans le tank, celui-ci explosa propulsant du coup deux travailleurs qui étaient plus proche du tank.

Le nommé Sowandan est mort sur le coup et un autre du nom d’Edmond est gravement blessé et évacué au CHU Sylvanus Olympio de Lomé. Trois autres corps non identifiés ont été retrouvés plus tard dans la nuit et celui de l’indien RAVYNDA sera découvert le lendemain matin.

Cet accident de trop a révolté les employés de l’usine et les populations de Tabligbo qui se sont rendues sur les lieux pour saccager des installations.

Les autorités togolaises sont intervenues avec à la clé des éléments de la gendarmerie et de l’armée qui ont maté les manifestants et rétablir l’ordre.

D’après le ministre des mines et de l’énergie contacté sur place par notre rédaction, il est hors de question que la vie humaine soit minimisée au point d’en arriver là : «  nous sommes descendus sur le terrain avec toutes les équipes de secours pour gérer la situation regrettable. Une enquête permettra de situer la responsabilité de chaque acteur dans ce drame et l’Etat prendra aussi ses responsabilités… » nous avait confié au téléphone, Marc Dèdèriwè BIDAMON tout nouveau ministre qui était à son baptême de feu.

Ce drame couve depuis longtemps et aurait pu être évité si les revendications des employées étaient prises au sérieux. Selon eux sur le terrain il est important de passer à une vitesse supérieure pour éviter ces genres de situation « nous décrions les conditions de travail dans cette usine, les autorités ne disent rien. Le mois de mai dernier, un des nôtres a aussi perdu la vie gratuitement dans ces conditions. Actuellement Edmond qui est blessé et transporté au CHU Sylvanus Olympio est laissé pour compte. Comme les autorités ne veulent pas réagir surement à cause de ce qu’ils perçoivent auprès des responsables de WACEM , nous passerons à la vitesse supérieur et nos dirigeants n’ont qu’à savoir qu’ils seront responsables de tout ce qui se passera», nous a confié un employé de l’usine très remonté.

Ce drame n’est pas resté sans conséquence fâcheuse.

Dans la colère, les autres employés de l’usine ont pris d’assaut le bâtiment principal de WACEM qu’ils ont saccagé et ont même voulu en découdre avec les premiers responsables de l’usine.

Outres les employés, la population alertée par la triste nouvelle s’est aussi rendu au sein de l’usine où les attendaient non seulement les corps inertes de leurs frères mais aussi des éléments des forces de l’ordre et de sécurités muni de matraque.

Mis a part le fait de pleurer leurs morts, la population de Tabligbo a aussi subi la répression des gendarmes et policiers dépêchés sur le site de l’accident.

Notre arrivée sur les lieux nous a permis de constater les vitres et autres et portes du bâtiment principale cassés. Mais les corps et autres matériaux ont été très tôt évacués nous a confié une autre source policière. Nos tentatives de pouvoir entrer en contact avec le directeur administratif de WACEM le sieur PANKAJ sont restées vaines.

Le récit de ce mardi apocalyptique pour les employés de WACEM et de la population de Tabligbo est émouvant.

Ce drame ouvre alors le grand débat de la responsabilité des autorités togolaises au niveau de ces sociétés ou autres usines et de la zone franche et ailleurs. Puisque nombreux sont ces ministres, directeurs de cabinets ou encore autres autorités locales qui sont très souvent cités comme mentors des responsables de ces usines et sociétés où les travailleurs sont laissés à leurs tristes sort.

 

Richard AZIAGUE

 

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