Au Togo, alors qu’au CAP 2015, on se mobilise pour faire échec à toute poursuite des affaires par l’administration Faure Gnassingbé, on s’attèle du côté du pouvoir à se mettre dans un confort politique qui consiste à faire avancer rapidement les choses. Proclamation des résultats définitifs, prestations de serments, le train du 3è mandat est en marche et va être couronné dans les prochains jours par une investiture qui se prépare en pompe. Déjà des tractations. Ahoomey Zunu qui vient de totaliser trois ans à la tête de la Primature a remis sa démission. Le stratégique ministère de l’économie et des finances dans sa particularité nous intéresse dans ce dossier. Son porteur, Adji Otheth AYASSOR est au centre des intrigues et de toutes les polémiques. Le prochain gouvernement est décisif pour l’homme de Défalé : continuer à régner sur un ministère qu’il a érigé en empire ou céder pour laisser place à une chute fatale d’un château construit sur du sable….
Au Togo et ailleurs, tous ceux qui ont naïvement cru que l’actuel Ministre de l’économie et des finances était un ange dont la rigueur vantée a traversé les frontières tomberont des nues, le jour où ils découvriront que ses ambitions se trouvent dans une obsession à collectionner des coffres-forts qu’il disperse dans tous ses lieux de présence.
Le plus gros avait été soigneusement rangé dans un camion et monté sans grandes difficultés à l’étage de son château de Défalé. C’est là où dorment des millions de devises étrangères et du CFA du contribuable togolais, et c’est dans certains de ces nombreux coffres forts que certains fils où filles puisent pour non seulement s’offrir des véhicules de luxe, mais aussi à ouvrir des clubs de sexe, où défilent sans aucune pudeur celles qu’on appelle les stripteases.
L’homme, le ministre lui-même qui sait bien se faire propriétaire de tous les dossiers les transporte pour certains dossiers, les plus juteux, selon ses détracteurs pour les traiter personnellement et les acheminer à leurs destinataires pour rendre service. La contrepartie se joue sur plusieurs terrains.
Domicile, isolé et visible par des barrières de ralentissement imposé par le ministre pour éviter que les pauvres du quartier trainent continuellement et facilement, selon les termes d’un de ses progénitures, « leur misérables ventres remplis d’ascaris » devant sa cour.
La rue, pourtant publique a fini par se faire baptiser rue Ayassor non pas pour une prouesse spéciale concédée par cet homme à ce quartier, mais juste par la particularité de la tracasserie routière organisée dans le quartier.
L’élection présidentielle 2015 a finalement eu lieu et c’est sans doute, cette élection qui sonne le glas du Premier ministre sortant pour laisser place à une autre qui a donc le devoir de porter devant l’assemblée nationale le programme du président de la république. Un programme qui ne devrait donc pas changer puisque la personne qui l’incarne n’a pas changé.
Il est vrai, l’investiture est attendue dans les prochains jours, celle de Faure Gnassingbé après les résultats définitifs et la prestation de serment.
Mais, le constat depuis lors et que le Premier Ministre en poste, Arthème Ahoomey Zunu après avoir traîné les pas a fini par remettre sa démission afin de se voir confier l’expédition des affaires courantes en attendant la nomination de son successeur ou de sa reconduction. Tard vaut mieux que jamais.
C’est vrai, l’appétit dans la jouissance des avantages de la Primature est difficile à céder pour qu’on prenne l’initiative soi-même de remettre le tablier.
Dans tous les cas, la nomination du nouveau PM est attendue dans les prochains jours.
Dans les milieux politiques, la reconduction de l’homme de Kpélé Tsavié n’est pas à l’ordre du jour. D’autres susurrent que pour des raisons humanitaires, le Chef de l’Etat lui réserve une place au prochain gouvernement. Une option qui peut toujours évoluer au gré des humeurs du président de la République.
Beaucoup de ministères sont appelés à voir leurs locataires virés. Les uns pour incompétences, les autres pour longévité au poste, d’autres encore seront appelés à diriger d’autres portefeuilles.
Dans ce lot se trouve le portefeuille qui nous intéresse dans ce dossier : Le Ministère de l’économie et des finances qui regroupe à lui seul deux tares qui devraient servir de motifs de son départ : l’insuffisance de travail et la longévité au poste.
Adji Ayassor est l’un des ministres qui avoisine 10 ans à la tête de ce ministère. Inamovible, dira un diplomate qui pense que le Togo a des spécialités dans tous les domaines au point où les postes ministériels deviennent des institutions où le ministre devient tout puissant comme dans un empire.
C’est un vrai empire avec presque la totalité des cadres, mini cadres de la localité du ministre travaillent dans ce département ou des départements affiliés.
Déjà, dans son cabinet, ses frères, neveux, cousins dépassent la dizaine ce qui crée une atmosphère de plomb dans le ministère. Ces membres de la famille constituent de cameras cachés qui empêchent le défoulement et la liberté à travailler dans de bonnes conditions.
Une situation pareille ne peut profiter à un bon fonctionnement du service d’Etat qui est tenu à des rendements optimaux.
Près de dix ans à la tête du ministère avec une gestion familiale ne pourront que créer du laxisme et des limbes de la corruption et des magouilles.
Le Ministre de l’économie et des finances est trempé dans plusieurs affaires d’attributions irrégulières de marchés surtout dans les projets d’infrastructure routières.
On lui reproche de privilégier ses intérêts au détriment de ceux de l’Etat, une situation qui fait reculer certains investisseurs qui ne veulent pas se faire prier avant de venir investir dans le pays.
Le cas de plusieurs hôtels et de plusieurs banques qui ne trouvent pas de preneurs en sont l’illustration des attitudes goinfres d’un ministre qui donne l’impression d’être le saint Et qui malmène ses collègues dans les différents décaissements.
Une entreprise des travaux publics de la place qui s’est dotée de matériels dont le montant s’élève à des centaines de milliards de FCFA est présentée comme une machine à sous proche du ministre de l’économie et des finances. Dans cette machine, blanchiment d’argent, et autres trafics douteuse font la pluie et le beau temps. La preuve, la plupart des grands travaux de construction sont orientés ou imposés à cette entreprise par la ministre de l’économie et des finances, alors que d’autres entreprises qui ont les mêmes potentialités et les mêmes capacités à exécuter ces travaux croupissent sous le poids du mépris et de la marginalisation.
Dans une république qui se respecte, et qui est dotée d’un gouvernement, les ministres rendent compte au premier ministre et celui-ci à son tour dresse le rapport d’activités et des orientations au Chef de l’Etat.
Le Togo a encore cette spécialité d’avoir à des périodes données, des Premiers-ministres de pacotille, sans la moindre influence et qui sont dominés par des super ministres qui ne se donnent pas la peine de respecter la hiérarchie lorsqu’il s’agit de prendre de grandes orientations.
D’ailleurs, pour l’actuel locataire de la Primature, c’est aussi difficile pour lui de voir le chef de l’Etat que de se voir approcher par les membres du gouvernement.
Les grandes reformes que le ministre de l’Economie et des finances actuel revendique ne sont que des ballons de baudruche qui vont s’éclater dès sont départ. Puisqu’il a ficelé ces reformes sur ses intérêts, qui eux-mêmes rentrent en conflit et se transforment en poudrière.
C’est le cas de l’Office togolais des recettes qui a de plus en plus un goût amer que les autorités ne veulent pas reconnaître, puisque lui-même, le ministre, continue par tirer sur le fil de l’espoir en vantant un instrument dont les premières conclusions ne rassurent pas. A côté, il y a le conflit actuel entre l’OTR et cet autre instrument dénommé guichet unique qui constitue une autre machine à piller l’économie du pays.
Dans les domaines maritimes et aéroportuaires, dans les domaines de l’hôtellerie, dans le domaine des travaux publics, et dans plusieurs autres domaines les conflits couvent et finiront par exploser lorsque le ministre qui est désormais sur la corde raide ne pourra pas continuer à maintenir la situation telle qu’elle.
Loin, dans l’objectif de ce dossier d’appeler à virer un ministre trop longévitaire et très incompétent, l’indépendant express attire l’attention de l’opinion des dérives de la gouvernance et du vrai visage de certaines personnalités qui passent pour des agneaux auprès des partenaires, mais qui sont en fait de vrais loups habillés de peaux d’agneau.
Plusieurs autres ministères ne sont pas moins critiquables dans leur bilan et continuent impunément de porter un coup dur à l’économie togolaise.
Le Ministère des mines et de l’énergie, le Ministère des enseignements primaires et secondaires, le Ministère de la communication, le Ministère de la fonction publique et celui de l’enseignement supérieur sont entre autres les portefeuilles qui sont des calamités du gouvernement togolais. Faut-il des hommes forts ou des institutions fortes au Togo ?
Dans tous les l’heure de l’apogée ou du déclin de l’empire AYASSOR a sonné. Le prochain gouvernement nous en dira.
Carlos KETOHOU