Les choses se compliquent pour le gouvernement Ahoomey-Zunu. La comédie
jouée au CHR Lomé Commune, les mensonges organisés au lendemain de la signature du relevé de conclusion et les menaces de licenciement des fonctionnaires gréviste démontrent l’incapacité du gouvernement à trouver une solution au front social en ébullition. Alors que la période électorale n’est pas indiquée pour tâtonner sur ces questions sensibles, alors que les rapports transmis au Chef de l’Etat par le premier ministre sont truffés de contre-vérités et de mensonges, Faure Gnassingbé cherche un interlocuteur crédible pour discuter avec les travailleurs. Conséquence directe, le gouvernement est au bord de la démission. Une nouvelle équipe pourrait d’après nos informations épargner le Togo de crise dans le secteur social face à l’imminence d’une agitation politique qui pourrait découler de l’élection présidentielle. Ça sent la foudre…
La riposte en clair est immédiate. La Synergie des Travailleurs du Togo (STT) annonce les couleurs d’une nouvelle grève de 72 heures, pour répliquer à la menace et à l’intimidation du gouvernement de procéder au licenciement des fonctionnaires qui obéiront au mot d’ordre de grève. A la STT, ces menaces sont perçues comme de l’eau sur les plumes d’un canard et les travailleurs maintiennent la grève qui prend effet à partir de ce mardi 03 mardi 2015. D’ailleurs, dans le code de travail interprété par la STT, les menaces du gouvernement violent les lois prévues par les textes. Seul le tribunal pénal du travail est la seule institution habilitée à sanctionner les travailleurs en cas d’infraction. Et dans le cas présent il n’y en a aucunement.
La STT et le gouvernement continuent de se tirer à la barbichette. Dans la réclamation de leurs droits qui ne sont toujours pas accordés aux travailleurs par les autorités, les fonctionnaires de la STT ont lancé une série d’actions qui couvre la semaine de 02 au 03 mars 2015.
Mis au courant de ces mouvements, le gouvernement donne une fois encore dans le dilatoire et menace de sévir au cas où il advenait que les travailleurs venaient à déserter leurs lieux de travail. Car selon eux, les discussions sont en cours et qu’en aucun cas, les fonctionnaires n’ont plus le droit de lancer un nouveau mot d’ordre de grève.
Réunis en assemblée générale ce lundi soir, le porte-parole de la STT le docteur TSOLENYANU a rassuré les siens : « Mes chers camarades, je vous assure que ces gens ont peur. Je vous ai toujours dit que la peur a changé de camp. Lorsque le combat devient dur, seuls les durs résistent et restent», a lancé le porte-parole de la synergie.
Ensuite, comme du berger à la bergère, il a démontré à la base que le droit de grève est prévu par le code du travail et par la constitution togolaise.
Le docteur TSOLENYANU a ensuite rappelé au gouvernement que même pendant la grève, on peut poursuivre les discussions : « les mouvements de la STT sont suivis de près par les grands syndicats internationaux. La grève ne veut pas dire absence de négociations. Aux Etats-Unis et en France tout récemment les syndicalistes se sont retrouvés dans le même cas de figure que nous connaissons actuellement » a confié le docteur Gilbert TSOLENYANU.
A propos des menaces de licenciement que le gouvernement brandit comme une arme pour semer la panique au sein des fonctionnaires, le porte-parole de la STT trouve que cette manière de procéder va à l’encontre des législations prévues par le code pénal et que c’est plutôt le gouvernement qui devrait subir des pénalités et non les travailleurs comme les autorités le laissent entendre.
Par conséquent, la grève de trois jours qui démarre du mardi 03 au jeudi 05 mars, tient. Et si les autorités demeurent toujours dans leur surdité, la STT clôture la semaine avec un sit-in.
Justement, puisqu’il est question de sit-in, celui d’hier lundi a obligé les élèves des lycées de Lomé ouest et est, de Dapaong, de Sokodé et Kpalimé à s’inviter une fois encore dans les rues pour réclamer le retour des enseignants.
Réputé à se faire entendre dans ces genres de situations, le lycée de Baguida pointé du doigt, recevra la visite du ministre des enseignements primaires et secondaires Florent MAGANAME pour calmer les esprits.
Le lycée technique d’Adidogomé quant à lui recevra le ministre BROOHM.
Sur un média de la place hier, en entendre les allégations de Nicoué BROOHM en complicité avec son homologue de la fonction publique KOLANI Gourdigou qui ont désinformé l’opinion sur la réalité des faits selon la STT, les travailleurs estiment que cette descente au lycée d’Adidogomé ne va produire aucun effet.
Ce qu’il faut noter chez les travailleurs de STT, c’est qu’ils sont déterminés à aller au bout de leur action qui constitue en l’obtention des revendications qui figurent dans la plate-forme déposée sur la table des discussions du gouvernement depuis 2013.
Les points saillants de cette plate-forme sont le redressement de la grille salariale, les 280 points d’indices, l’augmentation des allocations familiales et les primes de déplacement.
Panique à bord au gouvernement
La persistance de la crise sociale est un désaveu cinglant pour le gouvernement togolais. Le Premier ministre et ses ministres, dans l’incapacité de résorber la crise se sont engagés d’abord dans la rédaction des faux rapports pour habiller les responsables syndicaux, sans succès. Ensuite, le mensonge à laisser place à la provocation et à l’arrogance. Là également les travailleurs sont restés intransigeants. C’est face à l’échec de cette ultime solution que le gouvernement a rendu public, vendredi dernier un communiqué prévoyant des sanctions contre les travailleurs qui ne se rendront pas à leur poste. C’est vrai, ces décisions dictatoriales ont fait pendant le règne de Gnassingbé Eyadéma, la pluie et le beau temps. La terreur et l’intimidation laissaient place au respect de la loi. Ailleurs ces décisions s’appliquaient à des syndicats qui rentraient rapidement dans les rangs, paniqués par les intimidations.
Aujourd’hui, c’est le désaveu, l’incapacité à trouver une solution, une situation qui met en colère le Chef de l’Etat contre son premier ministre.
D’après nos informations, un remaniement ministériel est envisagé, non seulement en raison de la fronde sociale persistante, mais aussi en raison de l’élection présidentielle qui devrait permettre de faire des réglages pour optimiser les chances de Faure Gnassingbé qui compte plusieurs cadres de son parti UNIR dans le gouvernement actuel. L’information qui circule dans les couloirs politiques sème d’ores et déjà la panique dans les rangs du pouvoir, surtout des membres du gouvernement. Quant à la synergie des travailleurs, c’est la détermination à aller jusqu’au bout, contre toutes formes d’intimidations et de menaces.
Hyacinthe GNAMEGLO