70 % des Togolais décrient la situation économique
Le Centre de Recherche et de Sondage d’Opinions (CROP) a rendu public le 26 Avril dernier les résultats partiels des enquêtes menées par ses experts sur le Togo du 17 au 29 Décembre 2012. Il s’agit d’une première dissémination sur une série de quatre concernant ces enquêtes. Cette première publication porte sur les questions relatives aux conditions de vie des Togolais, leurs attentes du gouvernement et surtout leurs opinions sur la crise sociopolitique. C’est ainsi que 7 Togolais sur 10 trouvent que la situation économique actuelle du pays est mauvaise. Les personnes interrogées se sont également prononcées sur la Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR) en ce qui concerne ses recommandations. Idem pour les revendications du Collectif Sauvons le Togo (CST). Ces résultats seront mis au profit du développement.
Afin de donner une idée aux décideurs politiques et hommes d’affaires, le réseau Afrobaromètre à travers son Centre de recherche et de sondages d’opinions (CROP) procède aux sondages des opinions sur le continent africain. Pour la première fois, il a braqué ses projecteurs sur le Togo. L’échantillon de 1200 personnes sur lequel les experts de ce Centre ont focalisé leurs enquêtes n’ont pas eu la langue de bois. Elles ont sans contrainte exprimé leurs opinions sur les questions auxquelles elles ont été soumises.
A la question « quels sont les problèmes les plus importants auxquels le pays fait face et auxquels le gouvernement devrait s’attaquer ? », le chômage est le plus cité par les personnes interviewées, soit 23 %. Les problèmes d’infrastructures routières et de santé figurent également en bonne place avec respectivement 14 % et 16 %. Lorsque ces trois réponses sont agrégées, les questions de chômage et d’infrastructures routières apparaissent comme les plus urgentes à résoudre. Ainsi, 36 % des Togolais estiment qu’il s’agit là des problèmes les plus importants auxquels le gouvernement devrait s’attaquer. Les questions de santé et d’accès à l’eau potable suivent avec respectivement 33% et 31 % des interviewés les considérant comme une priorité nationale.
En ce qui concerne les mesures que le gouvernement met en œuvre pour s’attaquer aux problèmes prioritaires identifiés, l’avis de certaines personnes sont sans appel sur le chômage et la gestion fourniture de l’eau. En effet, près 80 % des personnes interrogées pensent que le gouvernement n’apporte pas des réponses appropriées au chômage 70 % sont aussi critiques quant à la gestion de la fourniture de l’eau et des services d’assainissement. Si 51 % des Togolais approuvent l’action du gouvernement dans le domaine de l’éducation en raison des récentes politiques de suppression des frais scolaires à l’école primaire, nombreux sont-ils à ne pas être prêts à sacrifier la qualité de l’éducation sur l’autel de la gratuité de l’accès. Ainsi plus de 90 % des personnes interrogées déclarent préférer une éducation de qualité même s’il faut payer des frais, à une alternative d’accès gratuit qui pourrait avoir une incidence négative sur la qualité.
Les résultats soulignent qu’en général, les Togolais éprouvent des difficultés importantes pour obtenir des services publics. Seuls 30% déclarent qu’il est facile d’obtenir les documents administratifs comme une pièce d’identité, un passeport ou un permis de conduire. La même proportion juge qu’il est facile d’obtenir de l’aide de la police en cas de besoins. En revanche, plus de 60 % de l’échantillon déclarent qu’il est facile de trouver une place dans les écoles primaires publiques pour leurs enfants.
L’enquête Afrobaromètre a offert une opportunité aux citoyens pour connaître leurs opinions sur un éventail de sujets d’ordre social, politique et économique.
A la question concernant leur avis sur l’orientation que prend le pays, 60 % pensent que le pays fonce droit vers la dérive.
L’enquête a, entre autres domaines exploré les opinions des Togolais quant à la marche économique du pays mais aussi ce qui concerne leurs conditions de vie.
70 % des personnes interrogées trouvent que la situation économique actuelle du pays est mauvaise. Ceci n’est pas surprenant dans la mesure où la même enquête identifie le chômage comme le plus important problème auquel le pays fait face et auquel le gouvernement devrait s’attaquer. Cette même proportion déclare vivre dans de mauvaises conditions. Sur les 12 derniers mois, il est arrivé à 6 Togolais sur 10 de manquer de nourriture. Pendant la même période, plus de 95 % des Togolais ont eu à manquer d’argent pour leur vie quotidienne. 70 % des Togolais ont connu un manque de médicaments pour des besoins de santé. Ces chiffres révèlent une instabilité dans la vie quotidienne des Togolais, qui est d’ailleurs marquée par des emplois précaires, un système d’assurance social très limité et un manque d’accès au crédit.
Notons que Afrobaromètre est un réseau de chercheurs africains indépendants, menant une série d’enquêtes comparatives sur les opinions des Africains, et couvrant jusqu’à 36 pays pour sa 5e série. Il mesure les attitudes du public en matière de démocratie, évalue la qualité de sa gouvernance et les performances économiques, ainsi que les opinions de l’électorat sur d’importantes questions politiques dans les pays étudiés. En outre, Afrobaromètre offre la possibilité de faire des comparaisons dans le temps. Il a déjà fait quatre séries et c’est la cinquième qui est en cours. Les activités du Réseau Afrobaromètre sont coordonnées par une équipe de recherche du Centre de Recherche et de Sondage d’Opinions (CROP). Les travaux de terrain ont été conduits au Togo du 17 au 29 Décembre 2012. L’enquête a porté sur 1 200 personnes adultes de toutes les catégories socioprofessionnelles. Cette taille d’échantillon permet d’avoir des résultats avec une marge d’erreur de plus ou moins 3% pour un degré de confiance de 95 % selon les responsables du Centre. Les résultats des enquêtes d’Afrobaromètre sont parfois utilisés par la Banque Mondiale. Vivement que les gouvernants prennent en compte les résultats de cette enquête et travaillent pour un mieux-être de la population.
Jean-Baptiste ATTISSO