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14 Juillet à Lomé : le coup de gueule de l’ambassadeur

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Véritable coup de gueule que le discours de l’ambassadeur de France au Togo à l’occasion de la célébration de la fête nationale française.

La déception de l’ambassadeur des Etats-Unis au Togo face à la situation politique au Togo a laissé lors de la célébration à Lomé de l’indépendance des États Unis a été suivie par un autre discours, plus coriace. Celui de Nicolas Warnery, ambassadeur de France au Togo. Dans les jardins de la résidence de l’ambassade hier, l’ambassadeur de France au Togo est revenu à la charge contre le Togo en exprimant sa frustration face au report à la saint-glinglin des élections locales et surpris face au vote de rejet par les députés de la majorité présidentielle de la loi sur les reformes introduite par le gouvernement.

Les questions de sécurité, de lutte contre la drogue et de la piraterie maritime, du développement socioéconomique, de l’éducation ont été également abordées par le diplomate français.

Dans une allusion diplomatique, Nicolas Warnery a effleuré l’affaire de l’expulsion du groupe Accor de l’hôtel Sarakawa : « L’objectif est stratégique puisqu’ il s’agit de la mise en place, au profit des acteurs économiques, d’un environnement transparent et prévisible sur les plans douaniers et fiscaux, la transparence des appels d’offre, le respect des arbitrages et, enfin, le bon fonctionnement de la justice dans le respect des textes et des droits de la personne et à l’exclusion de toute autre considération extra- juridique. Pour le dire autrement, mieux vaut un bon appel d’offres qu’une mauvaise décision d’expulsion ! » a déclaré l’ambassadeur dans son discours avant d’appeler à la poursuite de l’œuvre de la réconciliation nationale accomplie par la commission Vérité Justice et Réconciliation, seul garantie pour les victimes de se voir soulagés et les bourreaux de reconnaitre leurs torts.

C’est un discours très amer que le diplomate en fin de mandat au Togo a prononcé à l’endroit des autorités togolaises.

Les élections présidentielles au Togo sont prévues pour l’année prochaine. L’assemblée nationale à majorité Unir au pouvoir a rejeté en bloc la loi portant sur les reformes constitutionnelles et institutionnelles. Les élections locales prévues pour cette année ont été reportés sine die. Le Togo est actuelle dans une impasse politique qui semble déranger les diplomates qui encouragent le dialogue, le consensus entre les protagonistes.

Alliance Togo Informatique

C’était un vrai coup de gueule…

(à suivre, le discours réponse de Robert DUSSEY, chef de la diplomatie Togolaise)

                                                                                                              Sarah-JENNIFER

Allocution de l’Ambassadeur de France au Togo à l’occasion de la fête nationale française

Mesdames et Messieurs les parlementaires et représentants des autorités civiles, militaires, religieuses et traditionnelles et des organisations politiques, professionnelles, syndicales, associatives et des médias,

Chers collègues membres du corps diplomatique et consulaire et représentants des organisations internationales, avec une mention particulière pour ma collègue, chargée d’affaires allemande, que je félicite pour la très belle victoire de la Manschaft hier soir,

Je vous souhaite, avec l’ensemble de l’équipe de l’ambassade, la bienvenue à la résidence de France, pour cette célébration du 14 juillet.

C’est la dernière fois que je m’adresse à vous, puisque je quitterai définitivement le Togo dans quelques jours.

J’ai parlé, les deux années précédentes des relations bilatérales et des diverses actions de coopération conduites par la France au Togo. Je n’y reviens pas, pour ne pas me répéter et ne pas vous lasser. Je me bornerai à quelques remarques «testamentaires».

Les relations bilatérales ont franchi une étape marquante, en novembre dernier, avec la visite en France du Président Faure. Nous n’avons pas encore mis en œuvre la totalité des projets évoqués à cette occasion, notamment dans le domaine économique, mais nous continuerons, bien sûr, à y travailler dans les mois qui viennent.

La France restera aux côtés du Togo dans les domaines régaliens dans lesquels nous menons des actions de coopération, parfois d’ailleurs avec d’autres pays: préparation aux opérations de maintien de la paix, action de l’Etat en mer, lutte contre le terrorisme et la piraterie maritime, renforcement de la sûreté aérienne, lutte contre le trafic de drogue et les différentes formes de criminalité.

La France poursuivra également son effort, en étroite liaison avec l’ensemble de ses partenaires, en faveur du développement du Togo. Avec nos collègues de la délégation de l’Union européenne et de l’ambassade d’Allemagne, dans un dialogue constant avec les autorités togolaises, nous avons proposé une programmation conjointe de notre effort sur les cinq prochaines années, laquelle a été approuvée par nos capitales respectives. La France souhaite, dans ce cadre, continuer à aider le Togo dans les secteurs de l’éducation (du primaire à l’enseignement supérieur et à la recherche, en passant par la formation professionnelle), de la santé, de l’eau et de l’assainissement, de l’aménagement urbain, du traitement des déchets, du microcrédit, de l’agriculture, de la gouvernance, du développement durable, de l’appui à la société civile, de l’action culturelle et de la francophonie. Je n’entre pas dans les détails, je l’ai dit il y a un instant. Si ce n’est pour rappeler que la montée en puissance de notre aide bilatérale à travers l’octroi de prêts concessionnels de l’AFD dépendra de la conclusion d’un accord avec le FM. Quant à l’Institut français, il rouvrira après l’été, sur son nouveau site, et retrouvera son rôle de plateforme de diffusion et d’échanges culturels. Nous faisons tout notre possible pour accélérer le chantier qui a, hélas, pris plusieurs mois de retard.

Des progrès spectaculaires ont été accomplis, ces dernières années par le Togo dans le domaine des infrastructures et de la réglementation économique, au profit des acteurs économiques et de la population. Mais deux grands défis doivent encore être relevés:

-Le défi démographique, encore et toujours. La croissance très rapide de la population pose d’ores et déjà et posera de plus en plus de difficultés dans différents domaines : alimentation, habitat, éducation, santé, environnement. C’est aujourd’hui qu’il convient de réagir. L’enjeu est le recul de la pauvreté, le décollage économique et l’enclenchement d’un cercle vertueux de développement durable. Le Togo s’est doté, il y a tout juste deux mois, d’un programme national de planification familiale. Il lui incombe maintenant de le mettre en œuvre. La France est disponible pour l’y aider en cas de besoin.

– Il reste également beaucoup à faire dans le domaine de la construction de l’Etat de droit, nous le savons tous. L’objectif est stratégique puisqu’ il s’agit de la mise en place, au profit des acteurs économiques, d’un environnement transparent et prévisible sur les plans douaniers et fiscaux, la transparence des appels d’offre, le respect des arbitrages et, enfin, le bon fonctionnement de la justice dans le respect des textes et des droits de la personne et à l’exclusion de toute autre considération extra- juridique. Pour le dire autrement, mieux vaut un bon appel d’offres qu’une mauvaise décision d’expulsion ! L’enjeu est la création de nouvelles entreprises togolaises, l’attraction de nouveaux investissements étrangers, le montage de partenariats publié privé ambitieux indispensables à la mise en œuvre des grands projets de « corridor» portés notamment par « Togo Invest». Une démarche résolue visant au recul de la mauvaise gouvernance économique et une lutte déterminée contre les comportements de corruption ou de prédation sont la condition du développement harmonieux du pays. Là aussi, la France est désireuse de continuer à aider le Togo si celui – ci le lui demande.

-Je terminerai par la consolidation de la jeune démocratie togolaise. Nous avons été très heureux, en juillet 2013, avec nos partenaires de la communauté internationale, avec lesquels nous avions ardemment milité en ce sens, de voir l’ensemble des forces politiques togolaises participer aux élections législatives. Rappelons-nous qu’il y a tout juste un an, c’était loin d’être acquis…Cette participation était le résultat d’un dialogue réussi entre pouvoir et opposition, sous l’égide de Mgr Barrigah et avec le plein soutien du groupe des 5, dialogue qui avait ouvert la perspective d’élections locales et de réforme constitutionnelle. Nous avons été heureux de voir ces élections législatives se dérouler sans violence et de voir que leurs résultats n’ont pas été contestés dans la rue, comme cela s’était produit dans le passé, mais devant la Cour constitutionnelle et dans les formes requises par la constitution. Nous avons été d’autant plus frustrés de voir, dans les mois qui ont suivi, les élections locales repoussées à un horizon incertain. Et d’autant plus surpris, de voir, le 30 juin dernier, sous nos yeux incrédules, les députés de la majorité rejeter le projet de réforme constitutionnelle déposé par le gouvernement, alors même que cette réforme avait été annoncée par le Premier ministre dans sa déclaration de politique générale devant cette même Assemblée nationale quelques mois plus tôt. Et alors même que ces réformes reprenaient très largement les conclusions du Cadre permanent de dialogue et de concertation, le CPDC. Par ce vote, qui nous a pris à contre -pied, la majorité a donc mis en échec le gouvernement, même si les parlementaires ont expliqué après la séance que tel n’était naturellement pas leur objectif. Par ce vote, l’Assemblée nationale a repoussé une nouvelle fois la mise en œuvre de l’Accord politique global signé par l’ensemble des forces politiques togolaises il y a déjà huit ans, alors que, cette fois -ci, on touchait enfin au but… Tout est donc, hélas, à recommencer… Alors que nous ne sommes plus qu’à huit mois de l’élection présidentielle…

– Comme l’an dernier, j’aimerais conclure sur l’œuvre de réconciliation déjà accomplie par la Commission Vérité justice et réconciliation, pour redire, encore et toujours, que celle -ci doit se poursuivre, se prolonger, pour atteindre et convaincre tous ceux qui n’ont pas encore demandé pardon ou qui n’ont pas encore accordé leur pardon et qui demeurent donc prisonniers les uns de leurs actes, les autres de leurs souffrances.

Monsieur le Ministre,

Je salue et remercie, pour finir, tous les interlocuteurs avec lesquels j’ai eu le grand plaisir d’échanger ces trois dernières années. Et tous les agents de l’ambassade et du réseau français au sens large avec lesquels j’ai eu le privilège de travailler.

Je remercie aussi tous ceux qui ont pris part à l’organisation de cette réception.

Je n’oublierai pas le Togo, pays accueillant, chaleureux, généreux, qu’on quitte les larmes aux yeux, et où je laisse de vrais amis.

Vive la France, vive le Togo et vive l’amitié franco- togolaise.

Je vous remercie./.

 

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