Ce n’est pas le folklore. Les images ci-dessus qui traduisent une ambiance bestiale sont prises devant l’entrée principale du CHU, le plus grand centre hospitalier du Togo. C’est le reflet de la politique des dirigeants qui risque de frapper encore cette nouvelle année 2016.
Les grandes orientations d’un Etat sérieux se dessinent assez aisément dès le début de l’année. Les grandes actions s’exécutent dans l’aisance et donnent le ton à un véritable engouement national. Si la base est faussée, l’année est perdue, gâchée, mais si le départ est bien enclenché, les gouvernants sont sûrs d’avoir réunis toutes les conditions pour une année prometteuse. Du discours du Chef de l’Etat aux manifestations portuaires, de la réussite de la diaspora aux dérives répressives de l’OTR, de la mission du ministre allemand au vote dans l’incongruité du budget national, le régime togolais annonce les couleurs du légendaire folklore sous les tropiques. Nouveau départ, nouveau dégâts pour 2015. Le Togo en route pour le pire.
Eternel habitué de retard, le Chef de l’Etat togolais a jugé bon de présenter son discours de fin d’année le 2 janvier, en début de l’année nouvelle. Curieusement, l’on aurait pu accorder les excuses à l’exécutif togolais si le discours regorgeait de nouveau. Rien de neuf, mauvais départ pour une république dont les citoyens ont été malmenés le long d’une année 2015 qui aura été beaucoup longue.
Quelques jours plus tard, c’est la consécration du folklore qui a mobilisé, du nord au sud, de l’est à l’ouest, dans une curieuse obsession zélatrice le Chef de l’Etat et ses fidèles potaches autour de la visite d’un ministre allemand.
Le ministre en question, dans les différents privilèges à lui offerts était visiblement agacé par un accueil à tuer le temps pendant des jours, pour un peuple dont les signaux politiques, économiques et sociaux sont au rouge, avec une misère ambiante et une famine menaçante maquillée par un rapport reluisant, baptisé QUIBB 2011 exhumé sans scrupules des décombres des années écoulées pour passer du vernis sur la forfaiture de démission du sommet à la base de l’Etat.
La réalité de l’année 2015 au Togo infectent d’ores et déjà, et à l’allure où nous en sommes l’année nouvelle. Cette contagion s’illustre par des arriérés d’incompétence d’un gouvernement issu d’une élection bâclée, et qui a passé le temps à dormir sur ses lauriers laissant le pays baigner dans cette misère.
Il y a 48 heures, le bloc pédiatrique P2, de réanimation du CHU, le plus grand hôpital de la capitale était plongé dans une obscurité sans précédent. Les enfants sous soins poussaient des cris de détresse face à des dirigeants qui étaient revenus de la pérégrination de folklore offert à un ministre dont le pays est l’un des plus stables de son continent : l’Allemagne.
Cette crise du CHU n’est qu’une goutte dans la mer face à la réalité de la santé au Togo. Des hôpitaux qui manquent du minimum pour soigner les moindres blessures, les blocs opératoires étant tombés en panne de part et d’autre, les matériels d’analyse non opérationnels et jamais réparés avec des femmes qui accouchent à même le sol devant le regard impuissant des personnels médicaux, voilà la réalité qui contraste avec le fameux rapport qui était la vedette du discours du Chef de l’Etat.
Le Togo, c’est aussi l’économie qui est à son plus bas niveau avec la crise d’austérité fondée sur les détournements et les arnaques dans le système économique, des malversations incarnées par des ministres, directeurs généraux et des personnes présentées comme proche du Chef de l’Etat et qui pillent la nation en toute impunité. Aujourd’hui, l’OTR, l’office togolais des recettes s’investit dans un système de recouvrement colonial qui provoque le départ en cascade des investisseurs.
La Brasserie BB de Lomé menace déjà de mettre la clé sous le paillasson suite au fantaisiste redressement fiscal de 60 milliards infligé par l’office présenté comme la plus spectaculaire réforme financière qui devrait sauver le Togo.
Dans le secteur du travail, les chômeurs se multiplient. Le gouvernement, incapable de juguler l’épineuse question s’est engagé dans une formule bateau estampillée emploi volontaires qui consiste à créer par milliers des emplois précaires qui détournent les diplômés de leurs formations de base. Au parlement, les ministres concernés sont incapables de se défendre et ont pour chacun d’eux et d’elles donné encore une fois dans le folklore.
Le Togo, c’est aussi l’agriculture qui n’a connu aucune amélioration, en matière de techniques de production en 2015.
Les paysans ne sont jamais arriver à bénéficier des moyens modernes de production et sont obligés de continuer à exercer l’énergie physique, tout comme les bœufs de charrue pour produire des denrées, que le gouvernement récupère comme une réussite dans la politique agricole.
Or, l’évolution des techniques agricoles impose des méthodes modernes de culture intensive susceptibles d’accroitre les niveaux des paysans.
Au Togo, cette évolution se traduit dans les discours prononcés lors des simulacres de forums qui ont plus une motivation politicienne que sociale.
Le sommet du folklore se situe dans le secteur des infrastructures. Dans ce domaine précis, tout est permis. Le concept de commission et retro commissions règne en maître avec la réduction systématique de la qualité des routes et autres infrastructures au profit de personnalités aussi louches que les affaires.
La durée de vie des travaux est de très courte durée. Ce qui entraine la reprise des travaux avant même qu’ils ne soient finis.
Pourtant, l’argument le plus folklorique brandi est celui de la réussite des voies de communication.
Le commerce au Togo est au ralenti, les banques souffrent de la perte des clients. Le problème était perceptible en 2015 et prend déjà effet en cette année 2016.
Au même moment, dans une incompréhension naïve, on a tenté d’endormir la population en brandissant le Millénium Challenge Corporation comme si le Togo avait réussi à passer les plus importantes étapes. Rien de prometteur avec le MCC puis qu’apparemment, ce que les autorités togolaises ont balbutié comme étant une prouesse, alors qu’il s’agissait d’une dérogation pitoyable à reprendre le processus, bref nouveau folklore.
Avec l’horizon dressé pour cette année 2016, rien n’est précis, rien n’est clair. 2016 connaîtra encore une crise d’austérité, avec l’allure qu’elle vient de prendre qui ressemble intimement à l’année précédente.
Les mêmes causes produisent nécessairement les mêmes effets. C’en était faite à c’en est fait de 2015, c’en risque d’entre être fait pour 2016.
Oh Marie conçue sans péchés, Priez pour nous qui avons recours à vous !
Carlos KETOHOU