Les mutations obligatoires qui s’imposent aux nations du monde, modifient profondément les enjeux géopolitiques et géostratégiques qui animent les relations internationales.
Pendant ces dernières cinq années, des changements politiques tels des tsunamis ont secoué le monde et la sous région Ouest africaine n’est pas épargné.
Tous les Etats d’une façon ou d’une autre ont connu des tendances qui, même si elles ne sont pas de parfaites démocraties, les ressemblent, ou portent les germes de l’aspiration à la démocratie.
C’est certain, le premier gage de ce concept originellement sociologique puis politique est l’alternance.
Et pour parler de l’alternance, plusieurs Etats l’ont connu d’une façon ou d’une autre.
Où, le pouvoir ancien, de gré ou de force, s’est incliné, pour laisser place à un pouvoir nouveau, répondant ainsi aux aspirations urgentes des peuples.
Cela rime sans doute avec le développement, la croissance, le respect des droits de la personne, l’indépendance et la force des institutions, bref, des changements au sens Durkheimien du terme.
Quelques exemples autorisent cette appréhension.
En Côte d’Ivoire, à la suite d’une sanglante période électorale, minée par la résistance de Laurent Gbagbo à céder à la victoire d’Allassane Ouatara, les réseaux internationaux sont rentrés en jeu pour éviter la perdure de la crise politique.
La conséquence, Laurent Gbagbo, ex-président sera envoyé en prison à la Haye, laissant ainsi les mains libres à son successeur de conforter son règne à travers un nouveau mandat, cette fois-ci exemptée de toute contestation.
La stabilité est donc de mise dans le pays d’Houphouët Boigny qui regorge d’atouts incontestables.
Au Bénin, les velléités de changement de constitution par le président sortant Yayi Boni ont fait long feu et rassurent l’opinion nationale béninoise que le prochain président ne sera plus Yayi Boni. Place donc au développement.
Au Ghana et au Nigéria qui sont plutôt des pays anglophones, malgré l’intervention de la mort qui a emporté les présidents, la succession a été faite sans bruit de bottes, comme sur les rails. C’est encourageant et rassurant.
La plus spectaculaire des mutations s’est opérée au Burkina Faso où, comme un seul homme, le peuple s’est soulevé pour chasser du pouvoir, Blaise Compaoré qui refusait de remettre le pouvoir après avoir totalisé 27 ans de règne à la suite d’un coup d’Etat.
Les nostalgiques du règne à vie, pour défendre des intérêts et continuer à faire régner l’impunité sont revenus à la charge en pleine transition pour tenter un coup d’Etat dénommé Diendéré.
Ils n’auront pas gain de cause. La force de la loi et la volonté du peuple Burkinabè ont de nouveau déjoué la forfaiture.
Les vraies et premières élections éliront Christian Kaboré qui est investi ce jour.
Le Niger, le Mali, le Sénégal, la Guinée, pour ne citer que ces pays ont connu une alternance qui autorise naturellement le développement.
Au Togo, Le père, Gnassingbé Eyadéma, après avoir réussi le pari de 38 ans sera emporté par la mort.
Son fils Faure reviendra à la charge et depuis 15 ans ne donne pas des signaux de se faire remplacer.
C’est ce qui fait de ce pays, un Etat particulier, avec une démocratie en lambeau, un développement forcé, des tendances trompeuses et un horizon incertain, en raison de la détention des manettes de l’Etat par un collège de pilleurs.
Jusqu’à quand donc continuerons-nous à être les parias de l’humanité, pardon de la sous région ?
Au delà des débats oiseux qui indexent une certaine opposition, au-delà des hypocrisies qui accusent injustement un peuple, au-delà des prétextes qui tendent à faire croire qu’il n’existe pas d’alternative crédible, il est temps, en cette année finissante que le pouvoir en place fasse un examen de conscience, mieux se remette en cause pour accepter que le patrimoine togolais n’est pas un héritage. Il appartient à un peuple qui en a le droit de jouissance, selon les principes universels.
Ceci pourra sans doute nous éviter l’isolement dont nous sommes l’objet. Faure Gnassingbé a donc les clés en main.
Carlos KETOHOU
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