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Faille d’ALEDJO ou le scandale des bandes noires

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Scandales, on ne cessera jamais d’en parler. Ils sont récurrents dans le milieu des travaux publics. La modernisation des infrastructures tourne au vinaigre. Des pots de vins, des détournements, des malversations, les commissions et retro-commissions sont courants et riment avec des réalisations défectueuses, approximatives et mort-nées. Du grand contournement à l’aéroport, du boulevard des armées à l’avenue Jean Paul II, du boulevard du 13 janvier aux différents bassins de retenue d’eau, le constat est amer. Les ministères en charge des travaux publics et de l’économie et des finances ont cocufié les travaux publics. Dossier du jour, le contournement de la faille d’Alédjo et de Bafilo. A peine terminé, l’ouvrage est en lambeau. Nous sommes descendus sur le terrain de ce scandale, que nous dénommons des bandes noires. Où sont donc passés les 17 milliards de financement ? Le secret se trouve dans le système d’attribution du marché.
« Nous les Chinois nous avons toutes les offres de prestations… si vous mettez un million de dollars, nous allons vous exécuter un travail de un million de dollars mais si vous déposez 100 dollars vous aurez un produit de 100 dollars, c’est le business dans un système qualité -prix… tout dépend du client…» Cette phrase suffit pour comprendre l’exécution des travaux publics au Togo.

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Ce petit pays de l’Afrique de l’Ouest revient de loin avec des infrastructures en délabrement avancé éloignant de plus en plus, touristes, investisseurs, transporteurs, et compliquant la vie aux usagers.
Depuis 2006, après la prise de pouvoir de Faure Gnassingbé, le Togo a voulu s’engager dans de grandes réformes liées aux infrastructures routières.
Boulevards, avenues, routes internationale, contournements, bassins d’eaux etc. sont projetés par le gouvernement.
Les travaux s’exécutent tant bien que mal, mais les incohérences et les irrégularités appellent à de graves manœuvres de corruption, de malversations et de détournement.
Autorités officielles, entreprises de travaux publics nationales et internationales, sociétés de sous-traitance, autorité d’attribution des marchés et de régulation, bureaux de contrôles sont à couteaux tirés dans la marre.
Nous nous sommes intéressés dans ce dossier à l’un des projets qui fait sensation.
Le contournement de la faille d’Alédjo, et de Bafilo au Togo.
A peine finis les travaux, le projet est mort. On y observe de grosses taches noires consécutives aux réparations effectuées sur le tout nouvel ouvrage non encore réceptionné.

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Togo, bienvenus dans le scandale des bandes noires……dira l’ingénieur qui nous a expliqué les secret de cet échec.
« L’Etat investira 410 milliards de Fcfa en 2014 dans les infrastructures routières, une somme sensiblement équivalente à celle de l’année précédente. En 2013, 530 km de routes ont été réhabilitées. Cette politique de grands travaux s’est concrétisée par la mise en chantier d’une vingtaine de projets d’envergure dont les contournements de la faille d’Alédjo et de celle de Défalé ainsi que le contournement de la capitale, Lomé. Les financements sont assurés par la BAD, la BOAD, la BID, la China Exim Bank et l’Etat. Alédjo et de Défalé : les contournements sont presque achevés… » Écrivait en début de 2014 le site du gouvernement togolais, Republic of Togo. Sur ce montant impressionnant des 410 milliards, près de 50% d’après nos enquêtes sont détournés sous plusieurs formes : préfiancements, gré à gré, commission et retro commissions, malversations etc.
Seulement, les contournements en question qui ont couté près de 17 milliards de FCFA, presque achevés subissent déjà des réparations en profondeur. On les appelle les appoints à temps. Une opération qui s’effectue sur des ouvrages qui ont une durée de vie d’au moins dix ans. Mais seulement, avant même que l’ouvrage ne soit fini, il est délabré.
Nous avons démarré à Bafilo pour déboucher sur le contournement. Nous avons payé cher au chauffeur de taxi, parce que celui-ci ne voulait pas emprunter le nouveau contournement qui avait pour objectif de faire éviter les difficultés liées au passage dans la faille d’Alédjo jugée un peu trop dangereuse.
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Sur le chantier, nous avons rencontré des ouvriers qui étaient à l’œuvre. La conclusion d’un responsable de bureau de contrôle est claire : près de 17 milliards ont été engloutis pour rien, rien du tout. Le résultat est catastrophique.
17 milliards de FCFA soit 11 millions d’Euro confiés à une entreprise chinoise qui n’a pas considéré le cahier de charge initial, parce que, la somme déclarée pour être préfinancée s’est vue frappée de dividende, donc n’a pas été celle remise entre les mains de l’entreprise.
Commissions et retro commissions se sont taillées la part du lion, le projet lui est le parent pauvre………. Parent pauvre qui est, selon un ingénieur des travaux publics, à reprendre…. A zéro.
D’après les informations en notre possession, c’est le ministère des travaux publics qui devrait suivre la régularité de cet ouvrage, mais le marché, qui a été attribué à l’entreprise chinoise de gré à gré par le ministère de l’économie et des finances a souffert de contrôle. C’est pourquoi, de bout en bout, le cahier de charge n’a pas été rempli.
D’après les ingénieurs, les étapes du projet ont été mal exécutées. Du terrassement à l’enrobé. L’épaisseur n’a pas répondu à la réalité, les dimensions n’ont pas été respectées, et même les matériaux ont été sous évalués, la conséquence est évidente. L’échec dans l’ouvrage.
Sur tout le contournement de la faille d’Alédjo donc, on y voit beaucoup de nids de poules et de grands trous. Certains sont colmatés, d’autres restent en l’état, obligeant les usagers, notamment les gros transporteurs à faire des gymnastiques avant d’y aller. Cela cause déja des accidents graves.
Autre remarque sur ce tronçon devenu déjà une bonne carrière impraticable, un épais mur en béton est érigé pour protéger d’après nos informations, des effets dangereux d’un poteau électrique de haute tension que les études préalables n’ont pas réussi à contourner et à éviter.
Pur amateurisme, selon les ingénieurs. Pourtant le danger est réel et persiste……
Les usagers de la route, face à ces réalités accablantes ne veulent pas pratiquer cette nouvelle voie, dénommée grand contournement, au risque de leur vie. Ce qui fait dire aux riverains que le projet est mort né.
Sur 18 km à partir du dernier village avant la faille d’Aledjo, c’est la désolation. Le projet est mal ficelé. Mal exécuté. Les milliards de FCFA du contribuable togolais sont jetés par la fenêtre. Les acteurs du détournement sont difficilement identifiables.
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L’accès à l’information est verrouillé. Au ministère de l’économie et des finances, personne ne veut donner des informations. On a l’impression que des consignes ont été données : « Il s’agit d’un préfinancement et nous n’en maîtrisons pas les contours. » nous a confié un fonctionnaire…
D’après les informations recueillies auprès de l’ARMP, l’autorité de régulation des marchés publics, les préfinancements échappent à tout contrôle. Ce n’est qu’une entente complice entre l’autorité contractante et l’entreprise. Toutes les bizarreries s’y passent….eux seuls maîtrisent ce qu’ils font et il n’y a pas de législation pour suivre de près ce qui s’y passe.
Voilà pourquoi, pour le cas du grand contournement évalué à 17 milliards environ, une partie, la moitié servirait à exécuter et le reste se partagerait entre l’entreprise chinoise et la personne qui donne le marché, le ministère de l’économie et des finances. La conclusion est simple. Le contribuable paie le lourd tribut, l’ouvrage est en lambeau et ne servira à rien.
Le contournement de la faille d’Aledjo n’est qu’un petit exemple dans le lot de magouilles de marchés attribués dans de conditions peu orthodoxes au Togo.
Il en existe encore et encore. Mais, les auteurs des détournements ne s’en inquiètent guère. Ils sont protégés par le pouvoir politique et ont les moyens de menacer tous ceux qui dénoncent, et de narguer la population.
L’entreprise chinoise dénommée maitre d’ouvrage dénommée Société Nouvelle Chinoise des Travaux de ponts et Chaussées (SNCTPC), le ministère de l’Economie et des finances qui a autorisé l’attribution gré à gré du projet et le ministère des travaux publics qui devrait être l’autorité contractante ont l’obligation d’expliquer ce qui s’est passé pour qu’à peine les travaux finis, on recommence les replâtrages et la réfection au grand dam des principes sacro saints de la gouvernance.
Le Ministre de l’Economie et des finances, Adji Otheth Ayassor, qui est le Chef d’orchestre de ce gré à gré devrait des explications, dans les conditions normales de la gouvernance.
Carlos KETOHOU

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